1991La mémoire de Jean-Luc Vernisse a plané sur cette 35ème édition du grand prix de La Machine, à tel point que deux de ses adversaires et amis, Denis Jusseau et Jean-Paul Garde, ont décidé de franchir la ligne blanche sans se disputer la victoire. Jean-Luc eût apprécié.

Une arrivée aussi peu courue n'est pas courant, surtout en cyclisme. « Nous avons eu l'idée ensemble » expliquent-ils aumicro du speaker Rémy Pigois, ajoutant : « Nous sommes amis depuis troplongtemps»

Il fallait un verdict et Denis Jusseau a passé son vélo le premier, déclarant « Oui, c'était prévu que je gagne». Mais le public n'a pas été floué ? un tel comportement va-t-il à l'encontre de l'éthnique sportive ? Denis Jusseau et Jean-Paul Garde ne se sont pas posés la question. Les spectateurs leur en ont-ils voulu ?

Le Grand Prix cycliste de 1991Avant d'en arriver à cette conclusion inhabituelle, l'épreuve connut une animation intense. Jean-Paul Garde lança les hostilités dès le cinquième kilomètre entraînant dans son sillage Spencer (UVC Aube), Karlowicz (Aulnat-Sayat), Fouix (AC Poste de la Creuse), Szostak (CC Etupes). L'écart avec le peloton atteint trente-cinq secondes au 25ème kilomètre. Jean-Paul Garde décida d'en rajouter, flanqué de Szostak, durant huit kilomètres environ. L'allure relancée, le gros de la troupe compta bientôt 1'23" de retard. Karlowicz disparut. Onze hommes se lancèrent en contre-attaque, revenant à 28" vers la mi-course.

Le quatuor prit un tour au peloton. Il y eut une accalmie qui permit au groupe de poursuivants (neuf coureurs et non plus onze) de récupérer les quatre hommes de tête. A 30 km du but, Denis Jusseau s'extirpa du peloton, accompagné de l'inévitable Jean-Paul Garde. Les deux sociétaires du CC Châtillon conjuguèrent brillamment leurs efforts pour un final placé sous le signe de l'amitié et du souvenir.

En hommage à Jean-Luc Vernisse

Jean-Luc VernisseJean-Luc Vernisse avait soulevé l'enthousiasme de ses supporters une nouvelle fois l'an passé. Cet enthousiasme était sans doute plus fort, du moins l'avons nous ressenti,. Il s'était imposé avec panache. Ce sera l'unique fois.
Le grand prix de La Machine était "sa" course. Il était l'enfant du pays. Le peuple des mineurs se reconnaissait dans son champion, car il sait apprécier de tels tempéraments. Il avait participé dix fois pour une victoire.

Il venait à La Machine pour se ressourcer, pour oublier parfois ses déboires, ses petits pépins qui sont aussi partie intégrante d'une carrière. Il cultivait aussi avec art, l'amitié. Durant plus de 10 ans, Jean-Luc Vernisse aura animé La Machine. Normal, il a toujours voulu y briller.

Armand Durupt, qui fut son président, puisque Jean-Luc porta les couleurs du VSNM avant d'opter pour la JGA Nevers, s'exprime ainsi :« Comment oublier ce frisson qui parcourait le public lorsque le jeune Machinois de naissance, comme il aimait à le rappeler, plaçait démarrage sur démarrage sur la rue de la République. Longtemps, dans toutes les mémoires, resteront gravés ces instants privilégiés de communion joyeuse offerts par le coureur vainqueur à son fidèle public au soir du 16 août dernier.». 4ème en 1986, 3ème en 1980, 83 et 89, il n'aura donc gagné qu'une fois à La Machine.

Jean-Luc Vernisse nous a quittés le 26 avril 1991. Il avait 33 ans.

La course continue. La ferveur populaire sera-elle la même à l'avenir ?

Podium vainqueurDenis Jusseau secondJean-Paul Garde troisièmeNicolas Dubois

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