1964Quand, après 10 kilomètres de course, un petit blondinet, littéralement aplati sur son vélo, s'évada du peloton, rejoignit trois coureurs alors échappés, Eono, Gloaguen, Archambault, et dans un même élan les laissa sur place, on cria à l'insensé.

Le Grand Prix cycliste de 1964 En fait, soixante-dix kilomètres plus loin, le petit homme était toujours en tête et pour le ramener dans le rang, il fallut un commando d'une dizaine de « gros bras » dont l'action vigoureuse, sous l'impulsion du futur vainqueur Henri Cieleska, perturba à ce point la course que le peloton se trouva doublé au grand dam des responsables techniques.

Les dirigeants du Vélo-Club Decizois, excellents organisateurs par ailleurs, se demandèrent un instant s'ils n'allaient pas devoir céder à la pression populaire et faire descendre la moitié des concurrents encore dans le circuit.

Heureusement, une accalmie permit de remettre de l'ordre dans la maison et en différenciant les doublés des non doublés, de redonner son sens à l'épreuve.
Cet impertinent tireur de pétards, responsable d'un drame d'atmosphère comme la célèbre course machinoise n'en avait pas encore connu, était un représentant de la fière Albion, un Anglais licencié à l'Union Vélocipédique de l'Aube et qui n'était pas à son coup d'essai. N'a-t-il pas inscrit, cette saison, à son palmarès français six victoires, neuf places de second et quatre de troisième ?. Des chiffres prouvent que ce blondinet ne s'avoue pas facilement battu.

Il le prouva dans les derniers tours, quand loin de se rendre, il poussa des démarrages transportant d'enthousiasme les spectateurs. Rien d'étonnant donc à ce qu'une formidable ovation se soit élevée à son adresse lorsqu'on le hissa sur le podium au même titre que le vainqueur Henri Cieleska.

Le mérite du Decizois licencié au Vélo Sport Nivernais, n'était pourtant pas discutable. « Riton » a payé de sa personne tout au long de la course. C'est lui qui, avec sang-froid, activa la chasse contre ce diable de Nuttal et, au sprint, au sommet de la côte, il laissa ses adversaires à bonne distance.

Le tumulte populaire s'était déchaîné au 80ème kilomètre, quand fut mis en compétition un appareil transistor de 400 francs. On n'avait pas précisé si cette prime étais réservée aux seuls coureurs non doublés, or, il se trouva que l'admirable Nuttal était coiffé sur sa ligne par deux coureurs doublés, le Decizois Porchery et l'Orléanais Bellon.

Le public aurait aimé voir cette récompense attribuée au plus vaillant de tous. Qu'on sache pourtant que ses efforts ont été payants, et que le tiers de la somme record de 1.900 Frs de primes (Contre 1.200 l'an dernier) est tombée dans sa cassette, en toute équité.

Le Grand Prix cycliste de 1964 Précisons que le groupe de coureurs qui dut s'extraire du peloton pour chasser le fuyard comprenait : Cieleska, Dejouhannet, Labrouille, Rameau, Millier, Grange, Baguet, Ramella, Francis Allard, Tusolini et Jubé. Rien que des « costauds ».

Le reste du peloton se trouva doublé sans même s'en rendre compte. Certains tels Eono, Archambault, Tymen mirent aussitôt pied à terre. D'autres tels Bellon, Dagouret, Gabin, insistèrent et furent à l'origine de réclamations véhémentes avant que tout ne rentre dans l'ordre.

En résumé, course d'ambiance sympathique, sportive mais acharnée, très bien présentée au micro par notre ami berrichon Dauriac et donc le mérite revient au Comité des fêtes, présidé par l'actif maire M. Gustave Grillas, assisté de René Vingdiolet secrétaire, Jean Talpin trésorier, Jean Martin premier adjoint, Claudius Potet, René Marceau, Gérard Augard, Fernand Turlin, Maurice Lebonnaire, Maurice Popinat, Lucien Vernisse et Roger Pasquet. Bénéficiant d'un beau soleil, l'annuelle course des Mineurs a été suivie par un nombreux public et s'est terminée par la victoire de l'enfant presque... du pays.

Podium vainqueurHenri Cieleska secondDaniel Labrouille troisièmeKen Nuttall

Cette page a été vue 138 fois