1986Le Critérium de La Machine, fidèle à sa réputation, a drainé, samedi, la grande foule sur son circuit sinueux et où la victoire ne peut revenir qu'à un grand coureur.
Patrick Hosotte ne dépareillera pas le palmarès qui s'enorgueillit des noms de coureurs cotés, tels que Henri Cieleska, Cyrille Guimard, Jean-Pierre Danguillaume, Raymond Villemianne, Antoine Guttierez, Patrick Bussolini, Francis Duteil, Jean-François Bernard, etc... , qui réussirent un parcours assez exceptionnel dans la carrière.
Ils étaient en effet plus de soixante coureurs à avoir répondu aux organisateurs du Vélo-Sport Nivernais-Morvan, et cinquante d'entre eux, pour le moins, pouvaient, compte-tenu de leurs références fournir un vainqueur crédible. D'ailleurs, lorsque l'on constate l'ardeur déployée par les concurrents pour se hisser en avant de la course, il est certain que le critérium, cher à la cité minière nivernaise, se classe à une place spéciale dans la hiérarchie. Même si des coalitions se fomentent, même s'ils sont nombreux à se « mettre dans le coup », comme l'on dit assez facilement autour des banderoles d'arrivée, afin de décrocher le cocotier, il est indiscutable qu'il faut être fort, très fort, pour s'imposer ici, au pied des corons.
Et le sociétaire du V.C. Tournus, Patrick Hosotte, l'était. L'ex-pro a fait parler la classe en se maintenant continuellement aux avant-postes. D'entrée, tout d'abord, en compagnie de Brucci, Kaikinger, Pozak et Fouix, lorsqu'il fallut résister au dangereux rapproché d'un trio composé de Jean-Luc Vernisse, redevenu lui même, Laurent, et du fringant Pascal Vendramini, qui était en passe de combler vers la mi-course la minute de retard accumulée par le peloton, puis en se débarrassant dans un premier temps de Brucci, Pozak et Kaikinger, à la faveur d'un contre vigoureux, consécutif à un sprint acharné pour l'obtention d'une grosse prime entre les deux derniers nommés.
Seul un jeune Auvergnat, le prometteur Eric Fouix, de I'U.C. Sayat, parvenait à accrocher le wagon de l'express Patrick Hosotte, déchaîné, qui allait avec lui, doubler le peloton. Patrick Hosotte, insatiable, ne se contentait toutefois pas de cet exploit et, dans l'imbroglio de son retour sur un paquet fort d'une trentaine d'unités, il allait avec son frère Jean-Paul en point de mire, s'extraire, en solo et cette fois définitivement, pour glaner un qui succès qui visiblement le comblait.
C'était du beau travail, proprement exécuté, qui déclenchait une salve d'applaudissements de la part d'un public conquis par l'exploit athlétique.
Ces spectateurs, fidèles du rendez-vous machinois, avaient encore l'occasion de vibrer lors de l'ultime tentative entreprise par le Nivernais Jean-Luc Vernisse et l'ex-champion de France des amateurs Gérard Dessertenne, dans le but de colmater leur retard sur Eric Fouix qui s'éteignait au fil des tours.
Vernisse, généreux dans l'effort assurait la plus grande du part du travail, mais il devait payer sa prodigalité sur la ligne en se contentant cependant d'une fort belle quatrième place. Il restait à Rémy Pigois, en présence de M. Vingdiolet, maire de La Machine, et de Mme Lavergne, conseiller général du canton, de décerner les louanges aux lauréats. Là aussi, pas de problème, ce fut fait de manière magistrale, avec le talent reconnu depuis longtemps au speaker de Sancoins.
Le peloton du Grand Prix de La Machine comptait dans ses rangs de nombreux coureurs de talent, des espoirs, des hommes confirmés, mais aussi des ex-pros qui connurent des heures de gloire au plus haut niveau, tels que Mariano Martinez et Jean Chassang, bien sûr, que l'on voit régulièrement dans le département, ainsi que Yves Beau, Marcel Kaikinger, Jean-Paul et Patrick Hosotte. Eric Dall'Armellina, qui a repris pour sa part la compétition à l'échelon inférieur, après le terrible accident qui faillit bien lui coûter la vie, figurait sur la liste des engagés, mais il ne se présenta pas au départ.
Un coureur barbu dans le peloton, c'est inhabituel. Les spectateurs machinois eurent pourtant le loisir et la surprise d'admirer en tête de course, la barbe du Polonais Januz Pozak. Le sociétaire du V.C. Auxerrois, qui s'illustre généralement par ses déboulés irrésistibles en vue de la ligne d'arrivée, n'a cette fois-ci, victime d'un impitoyable marquage, pas réussi à terminer la course. Toutefois il a fait sensation en faisant admirer la vigueur de son système pileux. Pour la victoire, on repassera un autre jour. Le connaissant, cela ne devrait pas tarder.
Il y avait deux Cabot dans la course. Qui ne mordaient pas, empressons-nous de le signaler. En effet, le vétéran de l'U.V.C. Aube, Robert Cabot se trouvait accompagné de son fils, Christophe, qui évolue lui aussi en première catégorie. Ils terminèrent tous les deux honnêtement au sein du peloton : Christophe 17ème, un peu devant Robert, 25ème. La relève est assurée, mais on peut se montrer admiratif pour le vétéran. Quelle opiniâtreté, quelle ténacité, quel sérieux, quelle classe !
Patrick Hosotte est licencié au V.C. Tournus depuis cette année, avec son frère Jean-Paul, mais il est originaire de Franche-Comté, comme le pro de l'équipe dirigée par Jean De Gribaldy, Joël Pelier (Qui rejoindra d'ailleurs en 1987 les rangs de la formation Système U, sous la direction de Cyrille Guimard). Il y a d'ailleurs une grande ressemblance entre le vainqueur de La Machine samedi, et le baroudeur Joël Pelier. De nombreux spectateurs avertis de cyclisme, dont Marcel Guillaumat, un fidèle de l'épreuve, bien évidemment présent sur le podium à côté du maire, M. Vingdiolet, n'ont pas manquéde faire le rapprochement.
Une minute de silence a préludé au départ pour honorer la mémoire d'un membre du comité d'organisation extrêmement dévoué, qui est décédé dans l'année, M. Jean Aubossu. A La Machine, on est fidèles et sensibles au souvenir d'amis disparus.
Il y eut quelques crevaisons seulement, justement compensées par un tour rendu. Celui par contre, qui pouvait revendiquer le titre de plus malchanceux se trouvait être le jeune sociétaire du C.C. Varennes-Vauzelles, Bernard Diollot, victime d'une chute vers la mi-course, heureusement sans gravité, mais qui l'obligea à renoncer.
Raphaël Simonin était présent au départ, malgré la douleur occasionnée par le décès de son grand-père, patriarche d'une famille vouée au cyclisme, le matin même à l'hôpital de Saint-Amand-Montrond. M. Simonin s'est éteint à l'âge de 99 ans, alors qu'il suivait toujours régulièrement les résultats de ses petits-enfants. La quinzième place obtenue par Raphaël samedi, l'aurait sans doute grandement satisfait, et le coureur pouvait lui dédier sa performance.
On peut être un excellent compétiteur et ne pas se montrer blasé par les trophées à la valeur toute symbolique. Ainsi le vainqueur, Patrick Hosotte, avouait tenir une scrupuleuse comptabilité des coupes gagnées. Dans sa vitrine personnelle, il a déjà rangé ... 250 objets d'art. Pour sa part, Robert Jankowski en totalise 150, et Jean-Luc Vernisse une centaine.
Jean Chassang avait une journée chargée samedi. Sitôt le critérium de La Machine terminé, il prenait la route pour se rendre du côté d'Aurillac dans le Cantal, afin de disputer une épreuve en nocturne, donc le départ était donné à 21h30.
La dotation de la course n'est pas la seule cause de l'attrait exercé sur les coureurs. Il y a également une copieuse distribution de primes. Sur un tour, d'ailleurs, 4.000 Frs furent mis en compétition. C'est remarquable et nous aurions bien aimé connaitre la somme attribuée. Malheureusement, notre démarche qui avait pour but de mettre en exergue l'effort des personnes affectées à la collecte, de communiquer le total à nos lecteurs, auprès d'une préposée à la caisse, fut vertement réprimée et resta sans réponse, Ce n'est pas grave, mais sachez simplement que les Machinois se montrèrent très généreux en reconnaissance de l'effort des coureurs.
Podium | Patrick Hosotte | Eric Fouix | Gérard Dessertenne |
© Copyright 2021 - 2024 | Admin |