1985Le sport cycliste ayant ses raisons que parfois la raison ignore, le Lorrain Gérard Pierre, équipier de Patrick Busolini, a inscrit son nom à la vingt-neuvième ligne du palmarès du critérium de La Machine, mais l'accueil que lui réserva Paul Guillaumat démontrait avec éloquence que le héros du jour n'était pas inconnu de tous.
Et, dans les minutes qui suivirent l'arrivée, nous allions apprendre que Gérard Pierre était âgé de vingt et un ans, qu'il était titulaire d'une licence de première catégorie, qu'après avoir opéré dans le village de Busolini, sous les couleurs de I'U.V. Aube, il avait suivi son chef de file dans un club de Meurthe-et-Moselle, et enfin (le plus important de son pedigree) qu'il totalisait onze succès cette saison, La Machine compris.
Le public est toujours aussi assidu devant cet évènement. Cette photo est sans doute l'occasion pour vous de reconnaitre sans doute quelques personnes.
On attendait les Polonais, hier, dans la cité minière, et, en fait, ils furent les premiers à se manifester. Henry Charucki, le vainqueur de Châteauneuf, appuya sur l'accélérateur dès que M. Vingdiolet eût abaissé le drapeau. Accompagné du Clermontois Pillon, le sociétaire du V.C. Auxerrois rafla les premières primes et, au bout de quelques tours, il dut se résoudre à voir le peloton, tiré par l'Orléanais François Bernard, revenir sur ses talons.
Mais son abdication fut de courte durée, car, quelques hectomètres plus loin, il repartait de plus belle. Son équipier Cieslak, le Stadiste Maniey et l'Aubois Krwaczyk l'accompagnaient, ainsi qu'un coureur vêtu de bleu ciel qui allait bientôt se faire remarquer : Gérard Pierre.
Vingt kilomètres seulement venaient d'être couverts et, déjà, la course était jouée. Seul Brezny allait réussir l'exploit de revenir au quarantième kilomètre. Pour les autres, les carottes étaient cuites, malgré les soubresauts provoqués par Guyot, Chavy, Bernard et Vernisse, qui avaient réussi à se joindre à Mariano Martinez quand celui-ci, fidèle à ses habitudes, s'extirpa de la masse.
Car l'épisode Martinez faisait, hier, encore partie du décor. Le Fourchambaultais trouva en effet la bonne carburation après deux heures de course, et son coup de force, une fois de plus, fut imparable. Lancé comme une fusée, il revint à toutes pédales sur le groupe de tête, largua ses quatre compagnons, mais, à deux tours du dénouement, alors qu'il distinguait le dernier dossard des six coureurs de tête, Gérard Pierre prenait pour de bon la poudre d'escampette.
Les Polonais - ils étaient quatre - n'auraient jamais dû tolérer une telle percée, mais n'étaient-ils pas complices avec le Lorrain dans le seul but de couper la route du succès à Martinez ? Allez donc leur demander ; ils vous répondront à leur manière, dans leur dialecte, et vous ne connaîtrez jamais la vérité. Mais ont-ils inventé la mode ?
Podium | Gérard Pierre | Jan Brzezny | Tadeusz Krawczyk |
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