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Le sport - Le Grand Prix cycliste

1984Jean-François Bernard, le sélectionné olympique, se devait d'inscrire son nom au palmarès du Prix de La Machine, après deux prestations riches de promesses, ces dernières années.

Le Grand Prix cycliste de 1984Il a su saisir sa chance hier, ce qui est une façon de parler, car la « baraka » n'était pas dans son coin sur le parcours machinois. Une chute, un changement deroue, et une fin de course échevelée de Patrick Hosotte faillirent réduire à néant une échappée amorcée dès le quatrième des soixante tours prévus au programme.

Busolini„ l'ancien professionnel troyen, vainqueur l'an dernierfait un départsur les chapeaux de roues, accompagne de Sénéchal et Guittard. Ce « coup de fusil » tiré à froid, allongea démesurément lepeloton, mais Jean-François Bernard ne perdit pas pour autant son sang-froid.

Dès le regroupement, le garçon d'Aunay-en-Bazois fila comme une anguille à travers les mailles du filet tendu par ses rivaux les plus huppés ; il restait 110 km à parcourir et malgré la classe du fuyard, l'entreprise parut hasardeuse. Et pourtant ...

Les tours passaient à allure folle et Bernard, qui ne roule jamais aussi bien qu'en solitaire, grignotait les secondes. Bourgeot, Poulignot, Jankowski, escortés de Vernisse, comprirent le danger et lancèrent la contre-offensive sans grand résultat.

Au 22e tour, à la suite d'une averse brève l'ancien champion de France dérapa sur la chaussée mouillée, il se releva sans mal apparent et repartit de plus belle. Informés de cet incident, Hewitt, Cieslak, Carneiro, Aviègne, Guittard, les frères Hosotte et l'équipier de service, Garde, tentèrent d'exploiter la situation, sans succès.

A ce moment, Bernard décida de changer l'une de ses roues, détériorée lors de sa chute ; le règlement l'autorisa à repartir au tour suivant dans le groupe qu'il venait de doubler, mais les éléments cassèrent le rythme, contraignant le Nivernais à concéder une vingtaine de secondes sur le peloton de contre-attaque. Rien ne tournait rond décidément pour le coureur de la J.G.A.N.

A vingt tours, soit moins de quarante bornes du but, l'annonce d'une forte prime provoqua l'éclatement du peloton de chasse, et tandis que l'avance de Bernard stagnait autour des deux minutes, Patrick Hosotte se retrouva seul poursuivant.

Cette nouvelle situation ne sembla pas alarmante, tant Jean-François semblait à l'aise, mais bientôt son coup de pédale s'alourdit ; les séquelles de la chute se faisaient sentir; impitoyables et bientôt, le Belfortain devenait dangereux, reprenant quinze secondes à chaque passage, si bien qu'au dernier tour, tout le monde se mit à trembler pour Jean-François, que Hosotte avait en point de mire.

Heureusement, Hosotte était lui aussi à bout de souffle, il ne put d'ailleurs éviter le retour de Carneiro, et Bernard conserva dix secondes sur la ligne, la morale était sauve : « Je n'ai jamais autant souffert », devait confier Bernard au speaker Rémy Pigois, « Mais le public m'a bien aidé par ses encouragements, en tout cas, ce succès je le dédie à M. Guillaumat, l'un de mes plus fidèles supporters. » Belle citation en guise de conclusion à une épreuve toujours aussi prisée du grand public, et qui a connu hier une fin palpipante.

Le Grand Prix cycliste de 1984Nous avions, dans notre édition de lundi, dévoilé que le Nivernais Jean-François Bernard, sollicité pour passer professionnel par Luis Ocana (Fagor), Roland Berland (Peugeot) et Paul Koechli (La Vie Claire) avait toute chance d'opter pour l'équipe dirigée par ce dernier. L'information s'est trouvée confirmée hier : J-F, B. sera bien aux cotés de Bernard Hinault, sous le maillot original à carreaux « Look-Terraillon-La Vie Claire » et cela dès la fin de saison.

En effet, après un aller et retour Aunay-en-Bazois-Genève, où il rencontra, mardi, l'entraineur suisse Koechli, il a signé en bonne et due forme un contrat d'un an, qui lui autorisera à prendre place, dans quelques jours, au sein du peloton des « pros »Il nous confiait hier soir : « Me voilà l'esprit libéré d'un poids. Il est toujours préoccupant de décider de son avenir. C'est fait et j'en suis heureux. »

Nous savons, de source sûre, que Bernard Hinault lui-même a insisté pour s'attacher le concours de l'ex champion de France, dont il avait recueilli les meilleurs renseignements de la part d'Yves Hézard.

Jean-François a fêté, à sa manière, cet événement, en effectuant un époustouflant numéro sur le circuit de La Machine, où il justifia ses galons et sa réputation. C'est un peu, nous l'avons dit, en quelque sorte, ses adieux, en guise de baroud d'honneur, aux courses amateurs : « Je vais encore disputer Cosne, La Charité, les Prix de Saint-Léger-des-Vignes et de Villapourçon, qui me tiennent à cœur, et puis bonjour les pros ! » Il disputera, dans quelques jours, le Tour du Limousin et, probablement, le Tour de l'Avenir.

Il a parfaitement récupéré de son aventure américaine des Jeux Olympiques, et il s'apprête, pied au plancher, à enchaîner, dans l'enthousiasme de sa promotion, parmi l'élite.

Podium vainqueurJean-François Bernard secondManuel Carneiro troisièmePatrick Hosotte
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