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Le sport - Le Grand Prix cycliste

1966«A dix jours des championnats du monde, je connais une forme exceptionnelle» a déclaré simplement en descendant de vélo, hier à La Machine le vice-champion de France junior Cyrille Guimard. «C'est de bonne augure

Le Grand Prix cycliste de 1966Ce jeune Nantais de 19 ans a fini de stupéfier le public nivernais qui n'aurait jamais pensé que le vainqueur du Prix de Dornes, au lendemain déjà d'une course épuisante de 140 kilomètres à Garchy, serait en mesure de récidiver à La Machine dont l'âpreté du circuit est légendaire.

Or le parcours machinois a été avalé hier, à une vitesse hallucinante, et, à l'issue d'une épreuve sans temps mort, la victoire de ce blondinet souriant et athlétique est significative. Guimard témoigne d'une rare souplesse sur sa machine mais son visage reflète souvent les affres de la souffrance. Or c'est quand il semble être à l'agonie qu'il débouche de façon inattendue et toujours pour la bonne cause.

Guimard n'a pas toutefois prodigué ses efforts avec autant de générosité que la veille mais quand il vit le Roannais Gay se fâcher, vers le 82ème kilomètre, et se lancer à la poursuite de son amile Hollandais Hiddinga, seul en tête il déboucha avec une grâce féline du peloton pour contrer cet intrus de qualité.

Le Niçois Chabran, intercalé ayant été absorbé, ces trois coureurs rejoignirent et dépassèrent le leader. Ils demeurèrent hors de portée d'un peloton secoué de tous les spasmes par toutes sortes d'attaques. Et au sprint, le rafleur de gerbes le plus réputé de la région du Centre et du Lyonnais, Gay, de la P. S. Roanne dut subir nettement la loi de ce Breton inusable qui selon M Guillaumat peut terminer au bout du rouleau, il lui suffit d'apercevoir la ligne pour retrouver un influx insoupçonné.

Or Guimard ne semblait pas à bout de réserves, hier. Il avait récupéré complètement son extraordinaire course de Dornes et se déclara fin prêt pour entreprendre le voyage en Allemagne où se réuniront tous les français, sous la tutelle de Robert Oubron.

Le Grand Prix cycliste de 1966Lacourse machinoise disputée entre les haies habituelles et fournies de spectateurs a atteint une intensité jamais égalée dès le signal du maire M. Grillas, libérant les 68 participants et offrant la première prime.

Hiltenbrand et Ricci, contrés par Desvages et Schmitt, Matonnat, Van Gysel, Ducasse, Eono, Croquison, Guimard, Danguillaume, attaquèrent en pure perte. La plus longue échappée du troyen Baguet (26ème km) fut de courte durée. 42 kilomètres furent ainsi parcourus dans la première heure.

Le Niçois Borgna, un vainqueur d'étapes de la Route de France, âgé de 23 ans, parvint à creuser un écart à partir du 40ème kilomètre. Il devait s'adjuger 220 frs de primes avant d'être mis hors de combat par une cabriole provoquée par un chat. Les officiels lui accordèrent en vain un tour en dédommagement, le Niçois, le rythme brisé et son dérailleur défaillant dut abandonner alors qu'une nouvelle prime de 250 plus 150, plus 100 Frs était proposée.

Favrolt, Lepolard, s'étaient un moment intercalés, puis Ballandras, Martin Martinez, mais à cette annonce, ils furent submergés par Ducasse, Boscher, Hiltenbrand, Dejouhannet et Guimard, et ce sont ces trois derniers qui enlevèrent les trois primes dans cet ordre. Aussitôt après, Hiddinga entreprit son récital, vers le 76ème kilomètre. Le Hollandais de Compiègne fit à son tour ample moisson de primes. La plus forte de 500 Frs devait donner le classement suivant :
1erHiddinga avec200 Frs. 2ème Chabran avec 150 Frs à 45". 3ème Guimard avec 100 Frs, à 1'40. 4ème Gay avec 50 Frs (déjà battu une première fois ausprint).

Le Grand Prix cycliste de 1966Chabran fut rejoint, puis Hiddinga abusé par la sévérité de la côte qu'il gravissait sans changer de vitesse, fut dépassé et c'est au sprint que les trois premiers se départageaient.

Derrière eux, l'excellent Mâconnais Ballandras et l'étonnant Donzyais Joseph allaient le mieux savoir tirer leur épingle du jeu en faussant compagnie de façon définitive au peloton d'où émergèrent dans les derniers kilomètres la vedette locale Henri Cieleska, Bellouis, Le Dortz, puis Person.

Il n'est pas possible de détailler tous les exploits d'une course aussi intense. Néanmoins on doit mettre en exergue l'excellente tenue des régionaux. Outre Joseph, le meilleur durant deux journées consécutives, et Cieleska, le Cosnois Eono, le Vauzellien Martin Martinez, le Neversois Matonnat et le Charitois Favrolt, ont tenu jusqu'au bout dans un peloton de rescapés « huppés » autour du champion du monde Botherel et d'où s'étaient éclipsés Jean-Pierre Danguillaume et autres Desvages, sans oublier le favori de beaucoup, Derek Harrisson.

L'Anglais confessa d'ailleurs sa déconvenue : « Je ne suis décidément pas un coureur de critérium, je préfère les longues distances. Ici j'étais constamment occupé à accélérer ou à décélérer. Je ne pouvais pas trouver mon rythme». Le vainqueur des deux étapes du circuit de l'Yonne, de Prémery et de Garchy est l'homme des longs circuits.

Ne terminons pas sans féliciter les organisateurs de cette course remarquable dont les Machinois peuvent être fiers. Quant au Vélo-Club Decizois, il fut sans reproche avec l'aide de la gendarmerie et des sapeurs-pompiers. Vraiment un grand succès pour la localité minière du Nivernais.

Podium vainqueurCyrille Guimard secondRaymond Gay troisièmeAndré Chabran
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