1959Plus de 3.000 spectateurs ont vécu une magnifique épreuve cycliste hier La Machine, lancée à une allure telle que le peloton de plus de quarante coureurs fondit comme neige au soleil, la course a été dominée par trois excellents coureurs. Le Montluçonnais Gandolfo, l'Autunois Millier et le Berrichon Sallé.
Ces champions, sélectionnés par des exploits tous plus spectaculaires les uns que les autres, ont doublé presque tous leurs adversaires.
Le vainqueur, Gandolfo, a franchi la ligne d'arrivée en même temps que Cieleska et Fayon, deux vedettes nivernaises bien connues, Francis Allard, le récent vainqueur de Saint-Saulge et le Troyen Ramella, qui avaient encore un tour à couvrir.
Il a donc doublé tout le monde, à l'exception de ses deux valeureux compagnons d'échappée, Millier, auteur, de la décision à mi-parcours, et Sallé que seule une chute au début du dernier tour a empêché de s'assurer la seconde place et peut-être même la première. Le Berrichon, vainqueur l'an dernier a donc défendu son titre en payant de sa personne, du premier au dernier tour de ce dur circuit de 1 km. 900. Il n'y a d'ailleurs pas eu place pour les attentistes, hierdans cette compétition perpétuellement animée.
Cieleska en a fait la cruelle expérience. Le Decizois se manifesta en plusieurs occasions, ponctuées chaque fois de bruyantes acclamations de ses supporters, mais ce fut encore insuffisant. Force fut au chef de file du V.C.D. de se lancer après Sallé, puis Gandolfo, dans une course poursuite afin de rejoindre en tête le petit champion de Bourgogne Millier, dont la crânerie et la ténacité auraient donné le ton à la course.
Cieleska se décida trop tard, alors que l'écart avait encore grandi, et il échoua après avoir donné le meilleur de lui-même pour distancer des coureurs tels Fayon, Allard, Ramella, Spadda qui le rejoignirent et qu'il battit au sprint.
A ce moment aussi l'échappée avait reçu l'appoint de Gandolfo dont les relais ne furent pas les moins efficaces, et la présence de Choulat, doublé sur crevaison, aurait, selon certains témoins auxquels nous laissons la responsabilité de leur affirmation, apporté un appui supplémentaire à l'échappée.
Quoi qu'il en soit, on peut difficilement trouver objection au verdict final de cette course d'une grande âpreté, mais aussi d'une réelle beauté. Sa magnifique réussite ajoute à la notoriété d'une épreuve en passe de gagner ses galons de grande popularité et dont le mérite est à partager entre les animateurs du comité des fêtes, MM. Martin, Vingdiolet, Turlin, Popinat, Potet et Talpin.
Au signal de M. Grillas, maire, le Troyen Guitay passa à l'attaque. On le retrouva en tête au quinzième kilomètre. Rambourdin, de Clermont, le rejoignit au vingtième kilomètre. Gandolfo contre-attaqua à son tour, provoquant la réplique de Sallé, Cieleska et surtout Millier. Gandolfo et Millier le rejoignirent néanmoins, mais le peloton était sur leurs talons.
A la mi-course, Millier en compagnie de Bernard Allard, Sallé, Ramella et Belina, contrecarrés par Francis Allard, frère du fugitif, s'intercalèrent à 20 secondes. En vain.
Au 66ème kilomètre, Sallé s'en alla seul à la poursuite de Millier : le champion de Bourgogne, livré à ses propres moyens par la crevaison de Bernard Allard, n'avait pas ralenti la cadence et Sallé dut sortir le grand jeu pour rejoindre ce diable d'Autunois.
Au 75ème kilomètre, Gandolfo, qui venait d'échouer en compagnie de Ramella et de Cieleska tenta seul son tour d'aventure. Il allait rejoindre les hommes de tête à 20 kilomètres de l'arrivée, alors que le peloton, déjà réduit, perdait encore Coupé, Max Cohen, Francis Allard et le jeune Eono que le tandem Millier Sallé doublait bientôt. Se situa alors la tentative d'Henri Cieleska. L'écart dépassait alors la minute et ne devait cesser de grandir.
Alors qu'on s'attendait à une arrivée au sprint des trois fuyards, coup de théâtre à l'avant-dernier tour. Gandolfo s'échappait, et aussitôt après, Sallé déjantait et chutait. Son boyau n'étant pas dégonflé, Sallé le remplaçait et reprenait la route, mais l'Autunois Millier ne pouvait plus être inquiété pour la seconde place.
A plus de 3 minutes, Cieleska battit Fayon et Allard tandis que Ramella accumulait trente secondes supplémentaires et manquait de fort peu se faire rejoindre par le Cosnois Eono, brillant huitième, sous l'ovation d'un public connaisseur que les commentaires de l'incomparable speaker vierzonnais Paul Dauriac, plus en verve que jamais, avait parfaitement tenu au courant des bouleversements successifs.
Notons enfin que la gendarmerie et les pompiers ont assuré avec clairvoyance un impeccable service d'ordre.
Podium | Maurice Gandolfo | Millier | Michel Sallé |
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