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Le sport - Le Grand Prix cycliste

1958Autun, la capitale du Morvan serait-elle devenue pépinière de jeunes espoirs cyclistes ? Après Jubé, bien connu maintenant de tous les sportifs de la région Centre, elle nous livre en ce moment un autre petit modèle - athlétiquement parlant - mais doté d'un cœur énorme. Il se nomme Millier.

Ce garçon de 19 ans, déjà titulaire de trois victoires, a éclaté samedi dans le Grand Prix de La Machine, où un public connaisseur lui a réservé une formidable ovation. Les courses à La Machine ont une physionomie particulière. Parmi les milliers de spectateurs qui ceinturent le circuit, il y a moins de dilettantes qu'ailleurs.

Le Grand Prix cycliste de 1958La majorité du public est constituée par des personnes intéressées au plus haut point qui, confortablement installées sur un point du parcours, voire carrées sur les chaises installées le long des trottoirs par la municipalité, scrutent méthodiquement le peloton. Elles sont venues voir des champions en action et rien ne leur échappe. C'est pourquoi cette foule sait faire, mieux qu'aucune autre, la part de chacun et c'est pourquoi elle s'enthousiasme pour des coureurs inédits, car elle a su découvrir leur plus généreuse qualité, le courage.

C'est ainsi que samedi, après Millier, animateur perpétuel de la course, un autre jeune, Huart, du Vélo-Sport Nivernais, a recueilli le plus d'applaudissements. Le public a préféré l'attitude du 4ème catégorie donnant le meilleur de lui-même pour éviter d'être doublé à la passivité de coureurs plus cotés, tels Rémond et Gerot descendant par la pédale, ou à la course d'attente de son favori Henri Cieleska.

Sur ce point elle a peut-être manqué de discernement. Cieleska qu'elle a parfois conspué était en réalité prisonnier de la course d'équipe, du moins d'écurie. Le "Peugeot" Sallé étant bien placé en tête pour enlever la victoire, le rôle du Decizois et de son ami Jubé se limitait à l'attente au sein du peloton.

Mais si cette épreuve a été animée par les jeunes, elle a eu un vainqueur à sa taille, le Berrichon Michel Sallé, spécialiste des plus importantes épreuves de la région. Sallé, déjà remarqué dans le groupe de chasse qui mit à la raison l'Autunois Millier, ne laissa à personne le soin de décider du sort de la course en s'échappant puissamment au 56ème kilomètre.

Rattrapé au 29ème kilomètre de son échappée par l'Auxerrois Choulat et le Parisien Retrain, il ne devait plus être rejoint. L'avance des fugitifs varia longuement entre 30 et 40 secondes et, d'un seul coup, l'écart se creusa pour dépasser largement la minute. L'affaire était entendue à moins d'effondrement d'une individualité.

Choulat et Sallé sont des rouleurs exempts de défaillance. Restait le Parisien. Or, Retrain n'était autre que le vainqueur de Paris-Evreux, remporté au sprint devant 70 concurrents. Le Charentonnais pouvait même être un sérieux candidat à la première place. Toutefois, les sprints à la faveur des fortes primes furent surtout l'apanage de Choulat et Sallé et, à l'arrivée, le Berrichon, qui avait le mieux récupéré, s'adjugea indiscutablement la première place.

« Je commence à sprinter après 150 km. », nous avoua Retrain « Mais il est préférable que la course ne compte pas 200 bornes, personne n'aurait terminé ! »
Michel Sallé renchérissait, avec son sympathique accent berrichon « Elle est dure, cette montée de la ville. Mais un premier prix de 50.000 francs mérite qu'on se mette à plat ventre. »

Derrière, le peloton s'était trop tôt résigné. On s'en rendit compte quand Jubé fut victime d'un incident mécanique au 86ème kilomètre. En quatre tours, l'Autunois réussit à rejoindre au prix d'un effort exceptionnellement violent, qu'il paya du reste au sprint enlevé de loin par Henri Cieleska devant André Coupé, toujours placé, et Alain Le Grevès le neveu de l'ancien champion.

Le Grand Prix cycliste de 1958Ce peloton n'avait guère été secoué que par des départs de l'Autunois Millier. Celui-ci, premier attaquant de la course, avait conduit une échappée solitaire du 14ème au 50ème kilomètre avant d'être rejoint par Jubé, Coupé, Choulat, Retrain, Sallé, Germès, Le Grevès, Leuschner.

Henri Cieleska, attardé dans un groupe qui n'attendait le salut que de lui, décramponna ses suceurs de roue et revint seul rejoindre les coureurs précédents entre lesquels se joua la course, au démarrage de Sallé au 56ème kilomètre.

On ne saurait quitter La Machine sans mettre l'accent sur l'extrême générosité des sportifs locaux. Le record des primes a certainement été battu et ce fut un plaisir pour le traditionnel speaker berrichon Dauriac de distribuer des primes à gogo, récompensant aussi bien le premier que le dernier.

C'est dire que chacun n'eut qu'à se louer d'une organisation remarquable due au Comité présidé par M. Martin, adjoint au maire, et animé par MM. Vingdiolet, Marceau, Turlin, Potet, Poulignier, Lambert ... Le service d'ordre fut sans défaillance ainsi que l'organisation technique due au Vélo-club Decizois. L'honneur de donner le signal de cette intéressante épreuve était revenu à M. Grillas, maire de La Machine.

Podium vainqueurMichel Sallé secondYves Choulat troisièmeAndré Retrain
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