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La mine - Visite du puits Henri-Paul en 1954

Au plan de la Grenette

Avant de pénétrer dans cet ensemble, on nous montre une sondeuse au travail. Le directeur général du bassin nous explique que le "sondage de recherches" est le travail principal des ingénieurs au fond de la mine. Tandis que le mineur arrache le charbon d'une veine dont l'exploitation demandera un temps facile à déterminer, il faut rechercher de nouveaux filons. Préparer l'avenir ! Cette recherche nous dit Monsieur Tourt est une lutte incessante contre la nature. La sondeuse prélève dans les couches explorées des "carottes". Un examen en laboratoire dira si l'extraction est praticable et sera rentable. Grâce à cette méthode, le percement de galeries inutiles nécessitant des efforts improductifs est pour la grande part évité.

Puis c'est la montée, pénible pour les gens inexpérimentés, vers le "front de taille". La galerie est plus étroite, plus basse, encore plus obscure. Nous marchons dans la poussière noire, dans le charbon, souvent dans une boue noirâtre entre des rails. Il faut se tenir courbé, nez en avant et se raccrocher aux étais de la galerie.

Au dessus de nos têtes courent des fils, des câbles, deux gros tuyaux dont l'un contient de l'air comprimé et l'autre de l'eau sous pression. De temps à autre, notre casque heurte l'un ou l'autre de ces obstacles, ou quelquefois même une  pièce de bois soutenant le toit. Les galeries doivent ressembler davantage aux sapes de la guerre de 1914 qu'elles ne font songer aux voûtes spacieuses du métropolitain !

Groupe de mineurs attaquant le front de tailleEnfin, nous atteignons le "front de taille", où les mineurs sont entrain de creuser. Des mineurs ? Ces hommes nus vêtus simplement d'un slip, chaussés de sabots en caoutchouc, casqués, évoquent plutôt des nageurs équipés pour la chasse sous-marine ! Mais s'ils se livrent bien à une chasse, ce n'est pour eux ni un sport, ni une distraction, mais une besogne exténuante. Leur tenue plus que légère est nécessitée par la grande chaleur qui règne à cette profondeur : une trentaine de degrés environ. En ce qui nous concerne, nous ruisselons littéralement de sueur : pourtant nous ne faisons que nous promener là où les mineurs travaillent !

Dans le mur de charbon (ou de roches !) auxquels ils font face, il leur faudra s'enfoncer de 1m20 en profondeur. Encore s'agit-il là d'une moyenne et, hier par exemple, l'entaillement a été de 1m40 ! Le chantier est soutenu par des étançons métalliques portant des poutrelles d'acier. Entre celles-ci, des rondins de bois constituent un plafond. Derrière nous, un grillage retient la partie remblayée. A nos pieds glisse le "train blindé", sorte de bande de roulement qui entraîne le charbon vers la chaîne. Face à nous, tels des troglodytes, enfoncés plus ou moins dans la masse, les "piqueurs". Chacun d'eux doit attaquer environ sur 5 mètres de large et 2m90 de haut. Au total, pour les deux "postes" du matin et du soir, ce que les bureaux appellent un "cycle" journalier, il a été chargé hier au Plan de la Grenette 1 420 bennes ! correspondant à une moyenne de rendement de plus d'une tonne par homme.

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