Close Menu

Histoire - Parachute de mine

L'exploitation des mines de La Machine pendant cette période marquée par la Révolution de 1848 et les débuts du Second Empire, n'est pas souvent présentée, pourtant, la localisation des lieux de la production, l'organisation de la voirie décidés par J.B. Schaërf et J.B. Machecourt ont établi une trame du territoire machinois jamais remise en question par la suite.

L'évolution de l'établissement est spectaculaire sous la direction de Jean-Baptiste Schaërf qui restera à La Machine, sa vie durant... Dès son arrivée en 1839, il achève la construction de la grande maison de la direction de la mine, ce qui correspond aux deux pavillons d'entrée de la cour du musée actuel. Il commence le fonçage du puits des Zagots et la construction d'un chemin de fer à écluses sèches qui relie les abords des puits des Glénons, Henry et de la Compagnie, au lavoir du Pré Charpin, puis au port de la Copine sur le canal du Nivernais. 

Dans ce contexte de développement des travaux miniers, une révolte sociale éclate à La Machine. Sa cause immédiate est le désaccord d'ouvriers sur les nouvelles méthodes de travail qui allongent la journée et le niveau insuffisant du paiement d'une entreprise... Elle laisse entrevoir le rôle et la personnalité de J.B. Machecourt, qui "voulant interposer son autorité fut accueilli de réclamations menaçantes". La cause profonde de ce mouvement social qui s'étendit à toute la population est la conjoncture d'une crise d'approvisionnement  en denrées alimentaires, d'augmentation du prix du pain et de stabilisation du niveau des salaires. Il y a dans l'entreprise alors une volonté d'augmentation de la productivité en limitant les coûts de production.

Le curé de la paroisse qui relate les faits dans une sorte de journal de la paroisse, mentionne que durant la harangue du directeur pour ramener calme, "Des groupes nombreux s'étaient portés vers les machines les plus rapprochées du centre de l'établissement pour les briser et que Monsieur Machecourt fils parvint par son influence à empêcher ce malheur" (4)

La suite des événements est connue : la marche des mineurs de La Machine en direction des réserves de grains possibles à Decize, la diminution du prix du pain accordée par le maire de cette ville et annulée par le préfet, les proches faits à Schaërf pour la non augmentation de la masse salariale de l’entrereprise.
Les événements de 1840 sont riches d'enseignements sur une société en mutation, dans une ville en croissance rapide.

L'interposition des Machecourt père fils en tant respectivement que maire de la ville et chef des travaux de l’entreprise n'est pas négligeable mais leur pouvoir est limité. Ils n'empêcheront pas la marche des Machinois sur les greniers à blé de Decize, ni la rigueur de la pression. Sans doute l'ingénieur Machecourt n'y perdit pas sa réputation, celle 'être "si aimé des ouvriers".

Qu'en est-il du travail minier proprement dit, de ses risques ?

Depuis la Révolution, l'extraction du charbon a concerné tout le territoire de la commune, petites fosses à bras et crôts de tailles diverses criblent les hameaux qui constitueront les quartiers de la ville. La définition de la concession a été assortie d'une interdiction des petits travaux et une phase de concentration et de la modernisation des lieux d'extraction commence.

En 1843-1844, il existe onze puits d'inégale importance, cinq sont situés dans un rayon de cent à cinq cents mètres de l'église actuelle, trois à proximité du puits des Glénons et deux dans le secteur de la Meule. En 1851, Léon Gouin, élève ingénieur de l'Ecole des Mines de Paris, en voyage à La Machine, en signale cinq en activité. Or, la Compagnie de Gargand a fait foncer cinq nouveaux puits entre 1845 et 1858, fait approfondir les puits anciens qui donnaient accès à de nouvelles couches. A la mort de J.B. Machecourt en 1865, il existe dix puits, la moitié d'entre eux a moins de dix ans.

Le travail de fonçage a donc été très important, celui de comblement aussi. Ce sont les puits de très petite section et à échelles qui ont été abandonnés car difficiles à moderniser. C’est dans l'un d'entre eux, le puits de la Chaume, qu'eut lieu en décembre 1844 un accident mortel qui impressionna Jean-Baptiste Machecourt.

Deux ouvriers étaient descendus dans ce puits pour faire des réparations, montés sur la cage qui sert à l'ascension des wagons intérieurs employés à l'extraction, ils ont été entraînés avec cette cage par la rupture du câble dans le puisard du puits où ils ont péri. Le rapporteur de ce fait à l'ingénieur des mines Boulanger explique l'accident ainsi : "Le câble du puits de la Chaume est en fil de fer, il est presque neuf et est en parfait état, enroulé sur un tambour de quatre mètres de diamètre, il l'a quitté, par suite de plusieurs changements successifs dans le mouvement de rotation, changements indiqués par les deux ouvriers eux-mêmes et exigés par la visite qu'ils faisaient des parois du puits, il a quitté le tambour, malgré les guides qui servent à l'y maintenir et s'est enroulé sur l'arbre du tambour, pièce en fer carré d'environ seize centimètres sur laquelle il s'est brusquement coupé" (5) . Dans les mois immédiats qui suivirent cet accident, J.B Machecourt fit une communication aux Annales des Mines.

(4) Louis Lanoizelée, La Machine et sa Houillère, Paris, 1964, pages 76-77
(5) Archives des mines de La Machine, correspondance de l'entreprise, 1844.

Partager
© Copyright 2021 - 2024 Admin