C'est à un survol un peu rapide de la dernière décennie de l'exploitation minière que nous convions le lecteur et ces dates limites ont une signification importante.
1964, c'est l'année où Louis Lanoizelée a édité son ouvrage : « La Machine et sa houillère », la mine est encore rentable, la démographie machinoise est à son zénith, la municipalité Grillas n'a pas de gros problèmes de gestion - tandis que 1974, c'est l'année de la fermeture de la mine de charbon (1er août), la démographie machinoise a commencé une chute inquiétante et la municipalité Vingdiolet voit s'accumuler les nuages sur le ciel de l'avenir de notre ville.
1965
Dans le bilan de gestion municipale qu'il dressait avant les élections municipales de mars 1965 (mandat 1959-1965) le maire, M. Gustave Grillas déplorait d'abord l'insuffisance des ressources pour une ville de l'importance de La Machine.
Il citait des chiffres éloquents tirés d'un rapport préfectoral d'octobre 1964 et comparant les produits de la taxe locale en 1963 pour cinq villes de notre département.
Cosne-sur-Loire, 8 802 hab., 1 157 751 francs.
Corbigny, 1 985 hab., 271 472 francs.
Decize, 6 594 hab., 492 360 francs.
La Charité-sur-Loire, 5 836 hab., 567 951 francs.
La Machine, 6 164 hab., 221 788 francs.
La municipalité de l'époque pensait à l'avenir en participant (par un emprunt de 120 000 francs) à la construction de trente logements H.L.M. aux Baraques (programme 1965 de l'O.P.D.H.L.M. de la Nièvre). La vieille maison de ce quartier a du être rasée au printemps 1964.
A la rentrée scolaire de septembre 1964, les effectifs étaient les suivants :
- Ecole maternelle (ancienne école privée de filles, rue Salengro, aux Glénons) 231 élèves pour 6 classes.
- Ecole élémentaire de filles (ancienne école privée de garçons, place Jacobé ou place de la Mairie) 412 élèves pour 14 classes (dont une classe de perfectionnement à effectif limité de 15 élèves).
- Ecole élémentaire de garçons (ancienne école publique de garçons, 3, rue Maurice-Perceau) 437 élèves pour 14 classes (dont une classe de perfectionnement) .
- Collège d'enseignement général (8, rue Maurice-Perceau) 182 élèves pour 8 classes et 10 professeurs.
Soit au total 1 262 élèves pour 42 classes et 44 enseignants.
L'extension des réseaux d'adduction d'eau et d'électrification, la construction d'égouts, la pose de bordures de trottoirs neuves dans divers quartiers de l'agglomération, l'achat de divers matériels et véhicules (dont une benne à ordures ménagères moderne) ont contribué à poursuivre l'urbanisation du bourg de La Machine.
A l'automne 1964, le projet de création d'un « Syndicat d'Initiative et d'Expansion de La Machine » (S.I.E.M.) a pris corps et les statuts sont déposés à la Préfecture. Le S.I.E.M. avait pour but « d'étudier et de réaliser les mesures qui peuvent attirer et retenir la population dans la ville et favoriser le développement et la prospérité du pays »
Le projet avait alors de chauds partisans car on parlait à l'époque de 1971-1972 comme date probable de la fin de l'exploitation minière.
Notons aussi sur le plan de la sécurité des écoliers à la sortie des classes dangereuse surtout à 11 heures 30 l'installation, sous l'égide de la délégation départementale de la Prévention Routière, des brigades de sécurité appelées « Ceintures blanches » dont le rôle consistait à assurer la traversée des piétons, leurs camarades d'école plus particulièrement, au carrefour du centre bourg, face à l'église. Les titulaires installés officiellement pour l'année scolaire 1964-1965 s'appelaient : Annie Bousset, 13 ans - Annie Couture, 13 ans - Chantal Guyon, 13 ans - Sonaya Manifi, 14 ans (toutes du C.E.C.) et Alain Boin, 12 ans - Gérard Coulon, 13 ans - Alain Dumont, 12 ans - Christian Ratajczak, 13 ans (tous de l'école de garçons). Ils portaient, dans leur fonction, béret blanc, ceinture et baudrier blancs, ainsi que de larges poignets blancs.
Début 1965, la société locale « La Boule Machinoise » qui pratique la « lyonnaise », a renouvelé son bureau composé surtout d'anciens :
Président d honneur : Pascal Del Torchio
Président : Henri Aurousseau
Vice-président : Polakowski
Secrétaire Jean Guérin
Trésorier : Robert Pages.
Le concours annuel en quadrettes se déroulait alors sur la place de la mairie en avril. Il se terminait souvent vers 22 heures, à la lueur de l'éclairage public.
L'organisation à La Machine des championnats départementaux de gymnastique les 29 et 30 mai 1965 a été l'occasion de braquer les feux de l'actualité sur l'Union Fraternelle Machinoise, une des plus anciennes et des plus glorieuses sociétés locales, fondée le 12 juillet 1908 par MM. Renaud et Vincent, sous la présidence de M. Pierre Salin, alors directeur de l'exploitation minière.
Les moniteurs successifs ont été Léon Wintzinger, Jules Pannard, Michel Maupoix, Francis Devost.
De grands champions sont sortis des rangs de I'U.F.M. Emile Makhabée, Rainat, Bardon, Maurice Rousseau, le plus grand, qui fut champion de France toutes catégories en 1934, capitaine de l'équipe de France de gymnastique, sélectionné olympique (Berlin 1936) et pour terminer juré international. « Maurice » avait reçu la coupe du championnat de France des mains du Président de la République, M. Albert Lebrun.
En 1965, le club de gymnastique était présidé par M. Jean Lépron, un ancien moniteur ; les moniteurs étaient : Bernard Bouchelier, Gérard Augard, Mme Augard (responsable de la section de ballets récemment créée) , Mlle Andrée Augard.
A l'occasion de ces championnats, un concours de fleurissement et de décoration de la ville avait été organisé sous l'impulsion de la municipalité et du S.I.E.M. dont le blason apparaît pour la première fois. Ce blason représentant une lampe de sécurité de mineur sur deux feuilles de chêne croisées avec sur le pourtour une frise composée de feuilles de chênes et de glands, devait devenir les armes de la ville plus de quinze ans après.
1966
Dès le début de l'année, l'avenir de La Machine est évoqué devant l'assemblée des délégués consulaires de la Nièvre. Voici la réponse donnée par un responsable du Comité d'Expansion Economique de la Nièvre à une question sur les problèmes posés par la fermeture de l'exploitation minière de La Machine :
« La fermeture des mines de La Machine résulte de l'épuisement du gisement qui permet d'en prévoir la fin pour 1970 avec prolongation possible jusqu'en 1972.
Il y a quinze ans, les houillères s'en sont préoccupées et ont entrepris une campagne de sondages de recherche dans toute la région pour essayer de trouver un prolongement du gisement dans toutes les directions possibles. Des dépenses considérables (plusieurs centaines de millions de l'époque) ont été engagées. Aucune des couches rencontrées n'était exploitable, soit en raison de son importance, soit par suite de sa qualité. On peut dire que le gisement ne cesse de se dégrader au fur et à mesure qu'on s'éloigne du siège actuel.
Malgré cette situation, tout un ensemble de travaux de modernisation ont été effectués afin d'améliorer les conditions d'exploitation jusqu'à la fermeture et, notamment, pour éviter d'avoir à licencier des effectifs importants à ce moment-là.
C'est en 1964 que l'épuisement du gisement a pu être définitivement fixé à 1970 et que l'information en a été aussitôt donnée avec un programme de réduction progressive des effectifs employés de 1 000 en 1964 à 500 au moment de la fermeture, l'exploitation n'étant plus possible au-dessous de ce niveau.
Cette perspective posait trois problèmes :
— Celui de l'emploi de la main-d'œuvre locale ;
— La réduction correspondante de l'activité économique de La Machine dont celle du commerce, de la petite industrie locale et des services, ce qui posait, par voie de conséquence, un nouveau problème d'emploi.
— La réduction des ressources de la commune mettant en cause son équilibre financier, car la redevance des Mines représente à elle seule, 15 % des ressources municipales, sans préjudice des autres recettes qui baisseraient si l'activité commerciale se réduisait.
Le problème de la main-d'œuvre est double.
Dès maintenant les houillères n'embauchent plus de personnel, il convient de se préoccuper du placement des jeunes qui arrivent à l'âge de travailler et qui ne trouvent plus le débouché traditionnel de la mine. Il s'agit chaque année de cinquante jeunes environ, auxquels viennent s'ajouter quarante jeunes filles dont l'emploi sur place a toujours été difficile et vingt-cinq adultes qui quittent la mine pour des raisons diverses.
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