(n.m.) faux (outil). Vient du français dard (arme ou aiguillon) dont le sens a dévié. Expr : manger la bouillie avec un dard : se dit d'une personne qui a une bouche trop large. « Alle a un drôle de bichoué, on dirait qu'alle a mangé la bouillie avec un dard ! »
DEBERDOULER
(vb.) dégringoler. Vient peut-être du vieux verbe français bredeler = parler par saccades, qui a donné bredouiller. (notons le mot Berdoudou qui désigne un ruisseau de La Machine). Autre hypothèse : déberdouler viendrait de dévers-dounner, c'est-à-dire donner vers le bas (voir le mot dévers). Nom féminin déberdoulée — descente très accusée. « C'te gnuit, j'ai déberdoulé d'mon lit sans m'en rende cômpte ! »
DEBERNACLER
(vb.) déranger, créer le désorde. Origine lointaine : le latin vernaculus = relatif à la maison, domestique. Ainsi, débernàcler signifierait : mettre la maison sens dessus-dessous. Préfixe séparatif dé. « Les ch'tits ont tout débernàclé ma cabane à bois ! »
DEBOIN-NER
(vb.) déboîter. Vient du verbe français dont il est la transformation : déboîter - débointer - déboin-ner. « A s'est déboin-né une guibole en jouant au foteballe. »
DEBOULER
(vb.) (se). se lever. verbe fabriqué à partir du mot debout. « Te vas-t-y te déboûler, vieux feignant ! »
DEBOURILLER
(vb.) demêler, débrouiller. Vient 'de ce verbe dont il est la déformation (voir le mot bourrillou.)
DECARPEUGNER
(vb.) décortiquer. Vient sans doute de fouiller, avec attraction du verbe français décarcasser. « Ça reste pus ren qu'Ia carcasse du bibi à décarpeûgner. »
DECIELLER
(vb.) pleuvoir abondament. verbe répandu dans les patois voisins. verbe formé à partir du mot ciel, avec le préfixe séparatif dé. « Hier, ça fenassait, mais aujord'hui, qui qu'ça décielle ! »
DECOQUELOURDIR (se)
(vb.) se dégourdir, se ressaisir. voir le verbe s'acoquelourdir. Adj. : décoquelourdi. « Pour me décoquelourdir, j'vas aller faire un ch'tit tour. »
DECROTTER
(vb.) déterrer. Sens différent du français décrotter enlever la crotte, la boue. Le verbe machinois décrotter (très répandu dans de nombreux patois) vient du mot crot (voir ce mot) et signifierait donc : sortir d'un trou.
DEGNAFRER
(vb.) déchirer. Origine : à rapprocher du verbe machinois assafrer (voir ce verbe), avec attraction possible du verbe français dégrafer. Adj. : dégnafré. « Sa biaude est toute dégnafrée, c'est un vrai guénillon. »
DEGU'NILLER
(vb.) 1er sens identique au français dégueniller. 2e sens : révolter. Le passage du 1er au 20 sens semble obscur. « Ça m'dégu'nille de savouair qu'a gàgne pus d'sous qu'mouai ! »
DEHUT
(n.m.) genre de diable, Vient sans doute du français dahu dont le sens aurait un peu dévié (animal mystique servant à effrayer les gens naïfs).
DEPATER
(vb.)Aaver, enlever la patouille. (voir ce mot dont il est issu). « Quante j'armontons d'la mine, j'sont tellement barbouillauds qu'c'est pas aisié de s'dépater. »
DES'HIUNRTER
(vb.) désherber, défricher. Vient du verbe désherber, dont il est la transformation : désherber déshinrber - dés'hiunrber - dés'hiunrter.
DESSENOLER
(vb.) briser, casser. Vient probablement du verbe français désoler, dans son sens de ravager, mais le verbe dessenoler a un sens moins fort. « Qui que c'est qu'a dessenolé la porte de la cabane ? »
DETORBER
(vb.) retarder quelqu'un, le distraire de son activité. Vient du latin turba foule, qui a donné le français perturber, synonyme de détorber. Notons que dans le Morvan se trouve une route à pente forte nommée la détorbe. Le verbe détorber est répandu dans les patois voisins (quelquefois datorber). Signalons le vieux verbe français (XIIème siècle) destourber : gêner.
DEVALEE
(n.f.) descente. Vient du verbe français dévaler : descendre (un val, au sens strict). Morv. : dévoller.
DEVERS
(n.m.) revers, côté opposé, bas. Vient du latin vertere — tourner, qui a donné de nombreux mots français : déverser, verser, avers etc. « Tins-ben l'dévers de la caisse, ou tout va s'abraser ! »
DEVEUILLE
(adj.) déluré, éveillé. Vient de ce mot, auquel on a ajouté le préfixe privatif dé, remplaçant l'autre préfixe privatif é. « Alle est ben déveûillée pour son âge, ça promet ! »
DEVIERNER
(vb.) (se). se déboîter un os, se froisser un muscle, se donner du mal à faire quelque chose. Vient peut-être du latin dévovere = se dévouer, cas dans lequel l'évolution de dévouer en dévierner semble diffcile à établir.
DEZINRGOTTER (se)
(vb.) travailler dur. Vient du machinois argot ou inrgot = ongle (voir ce mot), avec le préfixe prie vatif dé, La traduction littérale serait donc : s'enlever les ongles (à force de travail). On rapprocher ce verbe de l'expr français travailler... d'arrache-pied. « J'me seûs dézinrgotté à déshiunrter l'jardin. »
DIABE
(n.m.) diable. Expressions marquant l'étonnement : « Le diâbe me dépanne » (Morv. : le diàbe me sait ran) « Le diâbe me pile, le diâbe m'adrave » etc. Expression utilisée quand le soleil brille et qu'il pleut en même temps : « Le diâbe marie ses filles. »
DIATER
(vb.) fouetter. Vient de l'interjection dià cri poussé par le cocher qui fouette ses chevaux. « Al a diâté sa femme à coups d'ceinture. »
DINRIE
(adv.) ou préposition. derrière. Déformation de ce mot : derrière dinrrière - dinrié. Dans d'autres patois voisins, on trouve dârrié ou dârré (Morv.).
DIORER
(vb.) expulser, mettre dehors. Vient du français dehors : dihors - dior - diorer. « A s'est fait diorer par sa viéle avec et fracas ! »
DOTER
(vb.) enlever, ôter. Vient de ce verbe, avec le préfixe privatif de (d), ce qui est un pléonasme, puisque le verbe français ôter a déjà un sens privatif. « Dôte-don ton panetot, ça fait pas frè ! »
DRET
(adj.) droit. Déformation de ce mot : droit drouet dret (fém : drète). Mot répandu dans le Morv. et autres patois. Expr : dret là = droit devant toi. « Là qu'al est don ? — Aga-lu don dret là ! » (Où est-il donc ? Regarde-le donc droit devant toi !)
DRILLER
(vb.) défèquer, en parlant d'une personne souffrant de diarrhée... Vient de drouiller (voir ce verbe). Expr : « drille de geai » (traduction littérale : fiente de geai), expr utilisée péjorativement à l'égard d'une personne peu aimée. « Les chats mangeont d'l'herbe pour s'faire driller. » DROUILLA : Nom masculin bouse liquide. voir le suivant.
DROUILLER
(vb.) défèquer, en parlant d'une personne souffrant de diarrhée. En plus du verbe driller, ce verbe sous-entend (si l'on peut dire) une notion de bruit accompagnant l'action. Vient du français pop trouille colique (XVème siècle), puis peur. Dans de nombreuses régions, on utilise le mot drouille (pour peur), du néerlandais drollen = aller à la selle. « Y'a une vache que m'a drouillé sû la godasse ! »
DRU
(adj.) éveillé (fém : drute). Expr : « ête drû coumme un père passe » = être éveillé comme un passereau.
DRU-JAU
(n.m.) (ou jau-drû, davantage utilisé). Personne éveillée. Vient de dru — éveillé et de jau coq (voir ce mot). « C'te jau-drû, al est drôlement dévêuillé ! »
DRUGER
(vb.) se bien porter, être en pleine forme, bien pousser (plantes). voir le suivant. « Alors mémère ! Ça drûge-t-y ? »
DURER
(vb.) Rester tranquille. Homonyme, mais non synonyme du français durer. A rapprocher plutôt du français endurer supporter, endurant patient, tolérant. « Te vas-t-y durer, espèce de ch'tit loufou, au ieu de m'ench'niller. »