(n.m.) petite mare, reste de boisson ou de manger. Vient du français barboter. « Te vas pas laisser c'te barbotà d'soupe dans l'écuelle ! »
BARBOUILLAUD
(adj.) barbouillé, dans le sens : ayant le visage sale. Vient du français ancien bouille (aujourd'hui utilisé en français pop) visage et du mot barbe (barbe faite avec de la crasse). « Quante al armontont d'la mine, les mineurs sont tout barbouillauds. »
BARBOULETTE
(n.f.) coccinelle. Vient de boulette petite boule, par allusion à la forme de l'insecte. Origine du préfixe bar obscure, peut-être attraction de barbouiller colorer. Morv. barboulotte.
BARRIAU
(n.m.) petite barrière. Vient de ce mot, avec attraction de barreau. « Ferme le bârriau, ou les lapins vont s'ensauver ! »
BASSIE
(n.f.) pierre à évier. Déformation du français bassine, lui-même issu du latin baccinus, de bacus = récipient.
BAT-OURS
(n.m.) bâton pour donner une correction. Vient du français bât, bâton et du français pop ourser. Expr : « monter le bat-ours » = s'apprêter à donner une bonne correction.
BERCHAUDE
(n.f.) tisonnier. Vient du vieux nom français bercelle, qui désigne aujourd'hui une sorte de pince. Attraction de l'adj. chaude (allusion à la chaleur du feu). A l'origine, berchaude signifiait donc sans doute : pince à braise, puis, par dérivation de sens : tisonnier.
BERCHAUDER
(vb.) tisonnier, activer le feu. Vient du précédent. Deuxième sens : copuler (par allusion au mouvement). « Alle s'est fait berchauder par son vouèsin. »
BERDIDI (mener le)
(expr.) faire la vie, faire la fête. Vient peut-être de berdin écervelé, insensé. « Al ont m'né l'berdidi toute la gnuit qu'j'ont pas pu dormir. »
BERDIN, BERDIGNO
(adj.) ou N. sot, idiot, fou. Mot à rapprocher du français bourde (de l'ancien français behourde plaisanterie) et du provençal bourd bâtard. On trouve ce mot dans de nombreux patois de la région plus ou moins proche, sous des formes diverses : beûrdin, beûrlot, brelot... Le rapport de ce mot avec le latin burdo mulet n'est pas certain.
BERDINERIE
(n.f.) (souvent pluriel). Sottises, bêtises (que l'on fait ou que l'on dit). Mot courant dans le Morve
BERIETTE
(n.f.) braguette. Déformation du français : braguette - Brayette - bréyette - bériette. Le mot ancien brayette (bra-yette) avait le même sens. « Aboutoune ta bériette, te vas prendre frè ! »
BERLAISER
(vb.) flâner, travailler sans ardeur. Vient du français brelauder passer son temps à des riens, de brelander — passer son temps au tripot. « Au yeu d'berlaiser, te f'rais mieux de t'mettre au boulot coume y faut. »
BERLAUDER
(vb.) copuler. Peut-être la déformation de berchauder (voir ce mot).
BERLI (ou chassot)
(n.m.) sac de toile dans lequel le mineur emmène son repas. Origine du mot berli obscure. Pour chassot, déformation de sac, sachet par inversion des phonèmes s et ch (comme pour sécher et le machinois chesser).
BERLOTER
(vb.) bavarder, parler beaucoup pour ne rien dire. Dans le Morv., le berlot, ou beurlot était le repas que prenaient les pâtres à la St-Martin et dans les Amognes, il désignait le repas du baptême. Que fait-on à un repas, sinon manger ? On bavarde, on berlote. Aux Bruyères-Radon (Luthenay-Uxeloup), le beurlot était la fête patronale (on y parle beaucoup aussi, il y a du bruit). L'origine de berloter est peut-être dans le vieux français bredeler (qui a donné le verbe bredouiller). Adj. berlotoux - berlotouse. « Quante les femmes se mettont à berloter, j'aime mieux aller dihors ! »
BEUILLE
(n.f.) ventre. Mot très répandu dans les patois de la région, même lointaine. Vient du vieux français (XIème siècle) boel, boeil, lui-même issu du latin botellus saucisse, qui nous a donné le français actuel boyau. Le sens du mot beuille a donc dérivé de boyau à ventre, même à ventre rebondi. « Si te manges trop d'licheries, t'auras mal à la beuille ! »
BEUILLON
(n.m.) petit ventre (rebondi). Vient du précédent, avec le préfixe diminutif on. voir le français bedon, bedaine. « Cache ton beuillon, ch'tit loup fou, te vas prendre frè. »
BEUILLOUX
(adj.) ventru. voir les deux précédents. « Son houmme, c'est un grous beuilloux que passe son temps à treûiller. »
BEUTILLER
(vb.) travailler sans savoir ce qu'on fait exactement, bricoler. Mot à rapprocher du français broutilles petits riens.
BEUTIOT
(adj et nom) masculin simple d'esprit, bête, bêtat. Fém beûtiote. Morv. bétiot. Origine : le français bête. A rapprocher aussi de beutier, mot désignant autrefois dans le Morv. les bouviers ou gardiens de boeufs, métier exercé par des jeunes gens souvent peu instruits, voire simples d'esprit. Ainsi beûtiot peut donc avoir deux origines étymologiques possibles. De toutes façons, le français bête signifie d'une part idiot, d'autre part animal. Notons un synonyme Morv. de beûtiot beûrlot. En français pop on dit quelquefois « un bestiau ».
BEUZEGNIOT
(n.m.) synonyme du précédent : idiot, sot. Déformation probable du précédent. Notons le suffixe gniot, à connotation péjorative, que l'on trouve souvent dans le patois machinois (et Morv). Mot emprunté au Morv.
BEZILLER
(vb.) abîmer. Vient du vieux verbe français bousiller construire en torchis (avec de la boue), devenu un verbe de français pop : travailler avec négligence. A noter le vieux verbe débéziller (cité par Rabelais) casser. « Y'a une ourage qu'a bézillé le touait d'la mézon. »
BIAUDE
(n.f.) blouse, tablier. Mot très répandu dans les patois voisins. Vient du vieux français blaude. Forme dialectale provençale : bliaud. cf. français blaud, blaude.
BIBI
(n.m.) caneton, oison. Mot onomatopéique imitant le cri de l'oiseau. Mot Morv. Pour la prononciation, allonger le premier i.
BIBI
(n.m.) baiser. Vient du verbe bicher (voir le suivant). Mot répandu dans les patois voisins. « Vins-don là, ma ch'tite, que j'te fasse un bibi ! »
BICHER
(vb.) embrasser. verbe très répandu dans les patois voisins. Tout comme le français pop bicher (bien aller, convenir), le verbe machinois bicher vient du mot bec (latin beccus), mais ces deux homonymes ont pris chacun un sens différent). « Alle était tellement contente qu'alle v'lait m'bicher. »
BICHIGNON ou BICOQUEUGNON
(n.m.) extrémité, en particulier d'un pain. Ces deux mots sont issus du français quignon dont ils ont le sens. La présence du préfixe bi deux) semble obscure. Dans bicoqueûgnon, on reconnaît le mot coque (dans le sens de croûte dure). A priori, ce mot semble sans rapport avec le français bicoque,
BICHOUE
(n.m.) bouche. Vient de bicher (voir ce verbe). Le bichoué (bichoir, bichouaire, bichoué) est donc ce qui sert à bicher (embrasser). Mot humoristique. « Al a un tel bichoué que quante a gnaque dans un crâ, ça reste pus rin que l'creûillât ! »
BICLOU
(n.m.) bicyclette. Vient de ce mot, dont il a gardé le préfixe. Evolution possible : bicyclette, biclette (par diminution), biclou.
BIGLEUX
(adj.) myope, qui a une mauvaise vue, qui louche. Vient du vieux verbe français biscler loucher, qui a donné bigle et bigler (mots un peu désuets aujourd'hui). Synonyme machinois : bîclou (ne pas confondre avec le précédent biclou). « Le pour ieux, al est bîgleux, al y vouait pus rin. »
BIGOT
(n.m.) chevreau. Mot répandu dans les patois voisins. voir le suivant bigue. Désigne aussi, par analogie de forme un chevalet servant à scier du bois. Expr péjorative : grand bigot !
BIGUE
(n.f.) chèvre. Mêmes remarques que pour bigot. Déformation du français familier bique, altération de biche et de bouc. Mot répandu dans les patois voisins,
BLETTE
(n.f.) betterave. Confusion de sens entre le français bette, appelé aussi blette et le mot , betterave qui désigne un autre légume de la même famille, Origine commune : le latin blitum,
BLOSSE
(adj.) trop mûr, ramolli, en cours de décomposition. Déformation du français blet, blette, de même sens. « Ceux poummes sont toutes blosses. »
BOIQUER
(vb.) boiter. Confusion de sens entre le vieux verbe français boiquer : abattre des arbres et le verbe boiter, confusion dûe à l'analogie graphique et phonique, ces deux verbes n'ayant d'ailleurs pas une origine étymologique commune. « C'est depus la guierre de 14 qu'a boique pareil. »
BOUINAUDE
(n.f.) pièce (d'une maison) exigUe, mal rangée, sale. Vient probablement du français boui-boui, de bouis = lieu de débauche (début du XIXème siècle), bouis étant un mot dialectal du Jura désignant une étable (du latin bos = bœuf). « Coumment qu'al arrivont à vive à dix dans une bouinaude pareille ? » Par extension de sens, désigne ainsi la lucarne ou la fenêtre étroite donnant peu de clarté à ce local.
BOULA (du)
(n.m.) Branchages de bouleau et de genêt servant à fabriquer des balais. Vient du français, bouleau. Mot emprunté au Morv.
BOULAINE
(n.f.) gros ventre. Vient du français boule avec attraction de bedaine.
BOULAYER
(vb.) triturer, mettre sens dessus-dessous, bouleverser. Vient de boule, avec attraction possible du verbe balayer. « Ça coummence à m'boulayer drôlement dans la beuille. »
BOULER
(vb.) même sens que le précédent, remuer. Différent de sens du français bouler, est issu aussi du mot boule. Une taupe qui « boûle » remue la terre à l'entrée de la taupinière. « Quelque chose me boûle » : quelque chose me fait envie, ou me chiffonne, ou m'énerve.
BOUQUET
(n.m.) fleur. Mot Morv. Confusion de sens (voisins) entre les deux mots français bouquet et fleur. « D'vant sa mézon, c'est plein d'bouquets. »
BOURRAS (mener le)
(expr.) faire du bruit, du tapage. Différent de sens du français bourras. A rapprocher du français bourrée (danse bruyante). J'ont pas pu nous arpouser, pace que les vouèsins ont m'né l'bourras toute a gnuit.
BOURRENAGER
(vb.) abîmer, malmener un objet. verbe à rapprocher de l'expr français pop : bourrer quelqu'un de coups. La deuxième partie du verbe, ager, vient du latin agere : faire, qui a donné le français agir. « Quéqu'un a bourrenagé le cadenas d'la cabane ! »
BOURRILLOUX
(adj.) frisé, ébouriffé. Fém : bourrillouse. Comme le français ébouriffer, bourrilloux vient du mot bourre — amas de poils. « J'sêus tout bourrilloux avec c'te vent qu'souffle. »
BOURRU
(adj.) et (n.m.) idiot, sot ou âne, animal). Différent de sens du français bourru — grognon, ce mot vient de bourrique dont il a les deux significations. « C'te grand boûrru, al apernait rin à l'école ! » Expressions insultantes : vieux boûrru, grand boûrru, boûrru jaune !
BOUTE A CUL
" (n.m.) et (n.f.) Personne de petite taille (péjoratif). Vient du vieux français bouter (très Utilisé dans le Morv) = mettre, pousser. Se bouter = s'enlever. Ce verbe a donné le français culbute saut fait sur soi-même en mettant les mains au sol et en lançant les jambes (le cul) en l'air. Rappelons le vieux français bouteculer (XIIIème siècle) — bousculer. Donc, à l'origine, un boute à cul est une personne qui pousse avec le cul. Le sens actuel est une dérivation. « Dans leû famille, c'est tous des ch'tits boute à cul. »"
BRAISER
(vb.) enfoncer les pieds dans l'eau ou la boue et en avoir plein les chaussures. Synonyme du verbe machinois gauger, Différent de sens du verbe français braiser. Vient peut-être du français brai = boue, braye — terre grasse (du gaulois bracu).
BRAMENT
(adv) beaucoup. Déformation de l'advoir français bravement dont le sens a dérivé. « J'me sêus ameuz'lé brament en m'affalant. »
BREUILLER
(vb.) pleurer à grand bruit. Vient du français brailler — crier, du latin pop bragere braire.
BREYER
(vb.) casser, détruire. Vient du français broyer. Evolution du mot : broyer - brouèyer - breyer. « Al a breyé sa montre en s'affalant par tinrre. » Adj. breyé fatigué, moulu de fatigue. « J'vas m'coucher, j'seûs breyé ! »
BUTIN
(n.m.) (du). linge à laver que les femmes menaient autrefois au lavoir. Dérivation de sens du français butin partage (sens ancien = proie). Evolution de sens très difficile a établir.