Ce récit traite uniquement du fonçage du Puits Schneider de 1899 à 1904. L'installation des infrastructures du carreau ainsi que l'exploitation du puits ne sont pas abordés ici.
Vous pouvez trouver l'intégralité de l'ouvrage à la bibliothèque de La Machine sous la référence FL622SOU sous le titre "INSTALLATION ET MISE EN PRODUCTION DU PUITS SCHNEIDER DE 1899 À 1914 À LA MACHINE" par Nadège Sougy (Juin 1994)
INTRODUCTION
La Machine est une ville qui est située dans la région Nivernaise à 7 km de Decize, ville de la vallée de la Loire en amont de Nevers.
Sa naissance s'inscrit directement dans la découverte de son gisement minier rendue possible très tôt par la configuration géophysique de son sous-sol. En effet celui-ci a été bouleversé par de nombreuses cassures sud-nord qui en contrariant l'empilement des terrains secondaires ont ramenés à la surface les sédiments primaires et le houiller.
- Dès le XVème siècle, les affleurements ainsi créés permirent une extraction sous la forme de simples prélèvements de surface ; les crêts.
- Au XVIIème siècle, pour satisfaire les besoins des ateliers des arsenaux, Louis XIV concède par Décret au Duc de Montausier la direction de l'exploitation des gisements charbonniers de la région du Nivernais. Devant l'archaïsme de l'exploitation, il décide de faire venir sous la direction de l'ingénieur Daniel Michel, du personnel Liégeois aguerri aux méthodes modernes d'extraction. Le site prend alors le nom de "La Machine" en témoignage de l'installation de la première machine d'extraction animée par un cheval. En 1698, la diminution du travail dans les arsenaux contraint le Roi à redonner aux propriétaires la possibilité d'exploiter de nouveau le gisement. Il y a alors trois propriétaires principaux, le Sieur Valizendor, le duc de Nevers et les religieux des Minimes de Decize.
- Du 2 août 1806, date du décret impérial donnant à M. de Mallevault la houillère en concession, à l'année 1864, le gisement est successivement exploité par des Sociétés Anonymes.
La dernière dirigée par la Compagnie de Gargand développe l'exploitation. Sous l'impulsion de l'ingénieur Jean-Baptiste Machecourt qui dote les divers puits d'innovations techniques (parachutes des cages). En 1864, la houillère produit prés de 104600 t de charbon et emploie 997 ouvriers. Elle trouve ses principaux débouchés dans l'approvisionnement des centres sidérurgiques régionaux d'Imphy et de Fourchambault.
- Le 14 mai 1869 la Compagnie Schneider qui était déjà détentrice d'une partie des actions de la Société précédente achète la houillère afin de compléter le besoin en charbon de ses forges et aciéries du Creusot.
Par contre coup, les mines bénéficient de moyens financiers et techniques plus importants que dans le passé et qui lui permettent un développement plus rationnel de ses activités. L'influence de la nouvelle direction aura 2 principaux objectifs;
- mettre en place une politique sociale de type paternaliste afin de fidéliser la main-d'oeuvre.
- améliorer les infrastructures minières du site, en les modernisant et en créant des structures d'exploitation nouvelles.
La naissance du puits Schneider s'inscrit dans cette perspective qui vise à aménager et à rénover la Houillère de Decize. L'étude du puits Schneider pose un certains nombre de questions qu'il a bien fallu envisager pour définir ce sujet.
Pourquoi s'intéresser à la construction d'une unité d'extraction houillère, au début du XXème siècle, dans un site de moyenne importance et qui ne laisse pas entrevoir une grande dynamique à l'image de ce que l'on peut constater dans les grands bassins houillers du Nord par exemple ?
Quels peuvent bien être les intérêts qui motivent une telle recherche tant il est vrai que le sujet peut paraître dénué de particularités et de perspectives ?
C'est dans un premier temps ce manque de particularités qui suscite l'intérêt, il permet de considérer ce que peut être un puits d'extraction houillère au début du XXème siècle. Par ailleurs l'étude d'un puits dans une exploitation de moyenne importance permet d'envisager sereinement les multiples aspects de sa construction. Il s'agit, en effet de montrer quels sont les moyens mis en oeuvre dans cette réalisation mais aussi la manière dont se partagent et sont gérées les différents étapes de cette construction ;
Comment se fait le choix des infrastructures du puits ? Quel rôle joue la nouvelle direction dans ce choix ? Comment s'organise le travail d'installation d'un puits ?
Le cheminement des investigations prends alors la trajectoire d'une étude qui suit pas à pas, de 1899 à 1904, le déroulement de l'installation de ce puits. Mais se concentrer entièrement sur l'étude de cette installation enlèverai à n'en pas douter une partie de l'objectif de ce sujet. La mise en production doit succéder à cette première phase d'analyse afin de percevoir sur 10 ans la marche de cette exploitation et la place qu'elle a acquise au sein de la houillère. Elle permettra d'aborder un certains nombres de questions :
Quelle est l'organisation du travail au jour sur ce puits ?
Comment fonctionne l'exploitation au fond ?
Ce puits offre t-il une réponse aux espérances établies lors de sa construction ?
La réponse à ces multiples questions trouve ses limites dans la nature des sources existantes dans le fonds d'archives de la houillère de La Machine. Ce fonds très important offre une richesse incontestable tant d'un point de vue de ses sources écrites que des nombreux plans qu'il comporte.
Par ailleurs son emplacement privilégié au sein du musée de la mine à La Machine permet une immersion intéressante dans la culture matérielle et sociale de l'entreprise. Un autre intérêt se dégage de cette situation géographique, c'est la proximité avec le site minier qui offre au promeneur attentif non seulement toutes les occasions de lire le passé houiller de la ville mais aussi de prendre contact avec les anciens mineurs du site.
Cependant, force est de constater, que si un grand nombre de sources sont disponibles pour le chercheur il n'en demeure pas moins vrai que tous les aspects d'un tel sujet ne peuvent être complètement traités. On possède très peu d'informations sur les avant-projets du puits Schneider et sur les investissements financiers qu'il a engendré.
Cela rend difficile la mise en évidence des raisons qui ont conduit à l'élaboration de ce nouveau site d'extraction. On observe par ailleurs un silence des sources sur le personnel avant 1914. Il existe bien des registres sur la main-d'oeuvre mais il n'y a pas de traces des livrets d'ouvrier à l'image de ce qui a pu être retrouvé dans d'autres mines.
Un autre silence tout aussi pesant qui doit être mentionné est celui relatif aux plans d'exploitation souterraine. Un seul plan de ce type a pu être retrouvé et analysé. Il faut également signaler que la lecture des plans techniques n'aurait pu être correctement menée sans l'apport des connaissances des anciens mineurs. Les sources étudiées, correspondances, rapports statistiques, avant-projets, notes de service, journal de fonçage, mémoires d'entrepreneur, plans, cartes postales offrent cependant un grand nombre d'accès à la réalisation d'un tel sujet.
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