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La mine - La catastrophe du 18 février 1890

I) Le déroulement de la catastrophe. 

En raison de la rapidité de la diffusion de l’inflammation dans les galeries du puits Marguerite, de la brutalité de l’événement et de son ampleur inédite, aucune mesure susceptible de limiter les pertes humaines ne peut être prise au cours des minutes qui suivent l’accident. Les différents chantiers du puits Marguerite touchés sont frappés quelques secondes après l’explosion. Par contre, l’importance du nombre des victimes travaillant dans les chantiers exploités à partir du puits des Zagots est plus surprenante. 

Les deux puits sont distants de 1500 mètres. Ils sont mis en communication par les travaux souterrains et constituent une des divisions de la mine de La Machine. Au terme des travaux de sauvetage, plusieurs blessés sont remontés des travaux souterrains. Ils sont souvent grièvement brûlés et aucun ne survit au-delà de quelques jours. Mais ils ont encore la lucidité nécessaire pour raconter au directeur de la mine, Horace Busquet, l’origine de la catastrophe. 

Au cours des jours qui suivent l’explosion, la réaction de l’entreprise est rapide, afin d’éliminer le plus rapidement possible les stigmates de la catastrophe. Si le bilan humain est dramatique, les conséquences matérielles sont, dans l’immédiat, faibles. La reprise des travaux est presque immédiate. Horace Busquet signale à Henri Schneider, dès le 24 février 1890, qu’elle s’est effectuée sans hésitation et qu’aucun risque de mouvement social, à l’image de ceux qu’a connu, au cours des années précédentes, le bassin stéphanois, n’est à craindre en ce qui concerne les mines de La Machine.

En définitive, la catastrophe fait 43 morts qui se décomposent de la manière suivante : 
36 mineurs mariés 
2 mineurs veufs 
5 mineurs célibataires. 
Ces 43 mineurs laissent  34 veuves avec enfants, 2 veuves sans enfant. 
Le nombre d’enfants à la charge des veuves s’élève à 75. Beaucoup ont moins de cinq ans.  Au total, 118 personnes doivent être secourues, la plupart dans la commune de La Machine, quelques-unes dans celle de Trois-Vesvres.
 

Vue d'ensemble du Puits Marguerite

Pour la bourgade de La Machine, la catastrophe est d’une ampleur considérable, mais elle dévoile aussi la spécificité de cette houillère par rapport aux grands bassins charbonniers qui font habituellement la une des journaux nationaux en pareil cas. Un rapport envoyé au ministre de l’Intérieur, le 22 février 1890, signale :
« Les journaux vous auront appris combien intéressante est cette population de mineurs, doux, respectueux, rangés. Chacun possède sa maisonnette et son champ, qu’il cultive pendant les heures de repos. La ville se développe au milieu d’une forêt de l’État. Son aspect est riant et pittoresque. La vie y est moins dure que dans ces agglomérations noires et sales qu’on rencontre habituellement dans les districts miniers. La compagnie du Creusot par la bouche du fils Schneider a pris l’engagement de veiller sur les familles de victimes, sa conduite dans le passé prouve qu’elle tiendra ses engagements. » 

Un commissaire spécial de la police des chemins de fer est envoyé sur place pour conduire une enquête sur les origines de la catastrophe. Il note : « La situation des ouvriers mineurs de La Machine est tout à fait différente de celle de leurs collègues de Saint-Étienne et du bassin du Nord. De père en fils, les mineurs descendent dans la mine, c’est dire qu’ils ne forment qu’une seule et même famille et que la catastrophe du 18 février fait prendre le deuil à plus de 200 familles. » 

La catastrophe aurait pu avoir une ampleur beaucoup plus importante si elle ne s’était pas déroulée peu de temps avant la célébration de Mardi gras. Certains ouvriers n’étaient pas à leur poste au moment de l’explosion et d’autres avaient déjà regagné la surface. Le préfet et le secrétaire général de préfecture, alertés en fin de journée de la catastrophe, sont présents sur les lieux dès le 19 février au matin. Le préfet signale qu’il trouve la population très calme. 

Mais en raison de l’ampleur de la catastrophe et de sa spécificité, l’entreprise comme les pouvoirs publics craignent qu’un mouvement de grève ne touche les mines de La Machine. 
Le 19 février, le général Carmier, qui commande la 32e brigade d’infanterie, donne des ordres au commandant de la place de Decize pour qu’il mette ses troupes à la disposition des autorités civiles de La Machine, si le besoin s’en fait sentir. 

Quant au directeur de la mine, il évoque bien quelques tentatives pour soulever la population minière, mais celle-ci est si violemment traumatisée qu’elle ne manifeste aucun empressement à se lancer dans un mouvement social. Busquet rassure Le Creusot dans ces termes : « On a essayé vendredi, samedi et dimanche de mettre nos hommes en grève. Toujours la même histoire, personne n’a bronché et je crois que nous sommes sauf pour cette fois. » 

Pour la mine, cet accident constitue une première. Il s’agit aussi de la plus importante catastrophe minière enregistrée au sein du Domaine minier Schneider. En cas d’accidents, de catastrophes minières, le code minier prévoit que les chantiers ne doivent pas être visités et modifiés avant la venue sur place de l’administration des Mines. 

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