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La mine - La catastrophe du 18 février 1890

“Hier jeudi à 10 heures du matin, ont eu lieu les funérailles des malheureuses victimes de l’épouvantable catastrophe qui a jeté le deuil dans la population laborieuse et si foncièrement honnête de La Machine. 32 cadavres ont été enlevés simultanément. Les 32 cercueils, disposés sur un seul rang dans l’atelier de charpente annexé au bureau de la direction des mines, et recouverts de draperies blanches semées de branches de sapin, offrant une simplicité grandiose. A 10h, Mgr Lelong, évêque de Nevers, assisté de deux abbés dont un ancien curé de La Machine, “en présence du clergé paroissial, procédait à la levée des corps”. Le cortège part de la cour de la direction dans cet ordre :

- la Fanfare des Mines, derrière sa “bannière voilée de crêpe”.

- “Mgr l’Évêque et le clergé”.

- “Les 32 cercueils, portés chacun par 4 mineurs et précédés d’une grande croix noire indiquant en grosses lettres blanches les noms des défunts. Sur chaque bière un drap noir.”

- M. Eugène Schneider.

- le préfet et le général commandant la subdivision militaire.

- l’ingénieur en chef des mines du Creusot, le Procureur de la République, le directeur des mines de La Machine Busquet (également maire de La Machine).

- beaucoup de personnalités.

- la foule du peuple qui n’est pas décrite à cet endroit de l’article mais juste évoquée plus loin.

Le journal ne manque pas ceci : “On remarque en avant des corps une magnifique couronne de 2 mètres de haut environ provenant d’une souscription du commerce local” avec écrit : “Les commerçants de La Machine aux victimes du 18 février”. La ville entière est en deuil ; pas un magasin n’est ouvert, et toutes les maisons sont fermées. “Sur une population d’à peine 5000 habitants, plus de 200 familles sont frappées.”

“Au moment où les premiers cercueils franchissent les grilles de la cour de la direction, une gigantesque clameur retentit. Ce sont les cris poussés par les parents, les veuves et les orphelins des victimes. La plume est impuissante à peindre cette scène de désespoir et de désolation dont pendant 2 jours nous avons été témoins.” (Des journalistes témoins qui ne vont pas à la rencontre des gens : à cette époque ça ne se fait pas.)

“A ces cris se mêlent les accents de la Fanfare des Mines jouant une marche funèbre et le son lugubre des cloches. De la direction des mines à l’église, les enfants des écoles, sous la conduite des frères, forment la haie sur un trajet de près de 200 m... On peut évaluer à 10 000 personnes la foule qui se presse sur le parcours du cortège. Toutes les communes du canton, St-Léger des Vignes en particulier, ont apporté leur contingent.” Voilà la seule évocation de la foule populaire venue à l’enterrement : pas une description! Les gens sont-ils en noir ? Ont-ils des fleurs ? Mystère.

“Dans l’église, toute tendue de noir, les 32 cercueils ont été rangés par 8 sur 4 estrades et recouverts de tenture noire garnie de feuillage.” Au cours de la messe l’évêque dit une homélie. Puis, après qu’il a prononcé l’absoute, “le funèbre cortège a pris le chemin du cimetière”.

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