Le 18 février 1890 a eu lieu une catastrophe au Puits Marguerite, causant la mort de 43 personnes.
Ci-dessous, vous pourrez lire le résumé de cette tragédie en deux versions différentes, bien que complémentaires.
- Pages 1 à 4, le résumé issu du Journal de la Nièvre de l'époque, paru deux jours après la catastrophe.
- Pages 5 à 12, l'étude réalisée par Jean-Philippe Passaqui, intitulée « La catastrophe du puits Marguerite, à La Machine, le 18 février 1890, » paru dans la revue "Le Marteau Pilon", tome XVIII, juillet 2006, p 65 à 78.
Elle est annoncée en ces termes le 20 février 1890 par Le Journal de la Nièvre.
« Un terrible accident est arrivé mardi dernier aux mines de La Machine. Il était 3 heures de l’après-midi, et le travail quotidien allait être fini, quand, par une cause restée inconnue, les poussières très fines de houille qui couvrent le sol des galeries dans un quartier de l’exploitation du puits Marguerite se sont enflammées. Ces sortes d’inflammations, semblables à celles que l’on produit au théâtre avec de la poudre de pyrèthre pour simuler les éclairs, se propagent au loin avec une extrême rapidité.
En quelques secondes tous les ouvriers de ce quartier étant brûlés plus ou moins grièvement ou asphyxiés par les gaz délétères produits par la combustion. En même temps ces gaz, suivant le courant d’air, envahissaient un quartier du puits des Zagots, où ils se mélangeaient à l’air pur ; mais ce mélange d’air et de gaz, sans être asphyxiant, était assez toxique pour que les 17 hommes occupés dans cette région aient été en quelque sorte foudroyés par le poison ».
Plus loin l’auteur emploie une tournure équivoque : « Ce sont les mineurs Boudier et Tardy qui ont fait partir les deux coups de mine et qui se trouvant un peu en arrière quoique grièvement blessés ont pu donner l’alarme ». Un numéro suivant du journal exposera que les deux hommes ont été projetés de 15 mètres par l’explosion.
L’intervention des sauveteurs
Le Journal de la Nièvre évoque le sauvetage, mais avec un respect sourcilleux de la hiérarchie. « Le sauvetage a été immédiatement organisé par le directeur, les ingénieurs, les maîtres mineurs et les ouvriers. Au puits des Zagots on a pu rentrer de suite ... Le nuage empoisonné n’avait fait que le traverser. On y a trouvé les 17 cadavres à côté de leurs lampes allumées, et c’est ce qui permet de dire qu’il n’y avait pas eu asphyxie. Les visages n’exprimaient ni souffrance ni terreur. La mort avait été instantanée.
Au puits Marguerite, on a trouvé tout d’abord 8 blessés, qui ont été transportés chez eux, où le docteur de la compagnie des mines leur a donné les premiers soins ». C’est complètement aberrant : pourquoi n’avoir pas soigné les blessés dans les bâtiments de la mine? Il n’y avait pas la place, peut-être? On a préféré faire courir le docteur d’une maison à l’autre! Sans compter les risques qu’il y a quand on transporte un blessé! Et le temps perdu, donc!
Au demeurant on apprendra que deux médecins de Decize sont venus épauler le docteur de la mine, ce qui veut dire qu’il n’y en avait pas d’autre que lui à La Machine, pour une population alors relativement nombreuse (5000 habitants environ, l’entreprise minière comptant dans les 1300 salariés, dont à la mine elle-même et dans les services directs entourant celle-ci 982 hommes, 148 femmes et 67 enfants).
« En avançant dans la galerie, on a successivement retrouvé 15 cadavres brûlés ou asphyxiés. 3 hommes manquaient encore. Un éboulement considérable a arrêté les sauveteurs. Les trois victimes sont derrière, mortes, aucun doute n’est permis à cet égard. On arrivera jusqu’à elles dans quelques heures. Le total des victimes, dans lequel on trouve 2 maîtres-mineurs, est de 35 morts et 8 brûlés, dont 2 très grièvement. Le charretier Malville dit Lemaître a été relevé gravement blessé sous son cheval qui avait été tué sur le coup. Un quatrième blessé, nommé Tortrat, âgé de 45 ans, est dans un état alarmant ». En fait les blessés succomberont dans les deux jours, ce qui portera le nombre des défunts à 43.
« La place et le temps nous manquent pour signaler les nombreux actes de dévouement qui se sont produits dans cette journée si tristement mémorable du 18 février », écrit Le Journal de la Nièvre du 22, qui choisit de prendre pour exemple l’intervention pleine de sang-froid du maître-mineur Jacob. Lorsque M. l’Ingénieur Morin et le maître-mineur Jacques Jacob sont descendus dans le puits des Zagots pour organiser les premiers secours, plusieurs mineurs se sont présentés avec empressement pour les accompagner. Mais Jacob, devant le danger, leur intima l’ordre de reculer. « Il y a, dit-il, assez de victimes comme ça ; attendez que je vous appelle ... quand ce sera nécessaire et que nous pourrons le faire sans danger ».
« Mais, criaient les braves gens, il y a votre gendre Bourçon dans le puits. Peut-être pouvons-nous le sauver ? » « Hélas, répondit stoïquement le maître-mineur, Bourçon est mort comme les autres et vous avez de la famille. Attendez »
Une ventilation énergique ayant été opérée dans le puits, Jacob remonte à l’orifice et s’adressant à la foule qui encombrait le plancher supérieur : « Maintenant, mes enfants, s’écria-t-il, que tous ceux qui peuvent descendre aillent chercher leurs lanternes et qu’ils me suivent ». Le maître-mineur n’avait pas terminé que tout le monde se précipita.
Il n’était que trop vrai, le gendre du patron, comme ils l’appellent, était mort. Son cadavre fut découvert après 2 autres par le maître-mineur lui-même, qui n’en continua pas moins sa sinistre besogne et ne quitta son poste qu’après avoir fait enlever tous les cadavres qui se trouvaient dans cette galerie.
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