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La Mairie - Les bulletins municipaux

Parution : JUIN 1986
René Vingdiolet, Maire de La Machine

L'édito de René Vingdiolet, Maire de La Machine

Claire et nette

Comme il est de tradition, le Bulletin Municipal me permet de m'adresser à vous, pour vous entretenir des affaires de la cité ; vous faire part de quelques réflexions, ou tout simplement vous informer de notre action et vous rendre compte de la gestion de la ville que vous nous avez confiée à nouveau le 8 mars 1983.

Je vous ai déjà à plusieurs reprises entretenu du budget et des trois volets de la gestion communale. Pour l'information de ceux qui n'auraient pas lu mes éditoriaux précédents, je rappellerai que le premier volet est le Budget Primitif, c'est l'évaluation des besoins financiers pour un an. Il doit être équilibré en recettes et en dépenses, celui de 1986 a été voté le 28 Mars par les deux groupes qui forment: la majorité du Conseil Municipal, le groupe d'opposition associé dans la discussion puisqu'il participe aux commissions municipales ne l'a pas voté ; il n'a fait aucune proposition. Ce même groupe d'opposition a par contre voté certaines dépenses prévues par ce budget marquant ainsi son incohérence et sa vue étroite de la vie de la cité.

Deuxième volet, le Compte Administratif, c'est l'état des recettes et des dépenses d'une année civile. Il est établi par les services de la mairie et doit coller au centime prêt au compte de gestion du percepteur qui est le comptable municipal.

C'est le résultat de la gestion du Maire. Il permet de constater si ce qui a été décidé par le Conseil Municipal lors du vote du Budget Primitif a été respecté, et si il n'a pas été engagé plus de dépenses que les recettes ne le permettent. Si la gestion est bonne il peut dégager un excédent de recettes, c'est le cas chaque année dans notre commune ; cet excédent est repris par le troisième volet qu'on appelle Budget Supplémentaire, il est affecté pour corriger quelques insuffisances de certains chapitres où à des travaux qu'il n'a pas été possible de retenir lors du budget primitif.

Ces trois documents sont soumis à l'examen de la Commission des Finances et présentés au Conseil Municipal qui peut demander tous les renseignements jugés nécessaires avant que le maire les propose au vote de l'assemblée.

En définitive il y a un budget principal corrigé par un budget supplémentaire, et un compte qui est l'enregistrement des recettes et des dépenses.
C'est clair, je ne pense pas qu'on puisse faire confusion entre les deux documents. C'est la raison de ma surprise à la lecture de l'article du Journal du Centre du 13 mai 1986 qui relate les interventions de certains participants à la réunion du R.P.R. qui a eu lieu à LA MACHINE. La cacophonie de Monsieur Jean-François GUILLON qui, je cite le Journal du Centre, "critique l'opacité des comptes du budget communal", prête à rire.
Il faut toujours parler de ce qu'on connaît, ce qui ne parait pas être le cas du jeune responsable local du R.P.R.

Comment pourrait-il d'ailleurs en être autrement, Monsieur J.F. GUILLON n'a jamais assisté à une réunion de notre Conseil Municipal ; tout au plus l'a-t-on vu à a quelques manifestations uniquement à l'approche d'élections, depuis on ne le voit plus, et même m'a-t-on dit il aurait quitté son logement de LA MACHINE et désertant le canton qu'il a ambitionné de représenter serait allé planter sa tente à BEAUMONT SARDOLLES (canton de Saint-Benin d'Azy).

De tels propos naturellement cités par la presse peuvent semer le doute dans l'esprit des habitants d'une commune. Pour ce qui est du budget, interprété diversement pour les comptes on pourrait supposer quelque légèreté de la part des services municipaux et du comptable, qui, rassurez-vous sont des fonctionnaires compétents, dévoués et intègres dans leurs fonctions.

De plus ils savent que leur comptabilité sera vérifiée par d'autres services à l'échelon départemental et par la Cour Régionale des comptes.
Pour notre gestion des affaires communales, amis Machinois soyez également rassurés.

Beaucoup de réalisations ont été faites et cependant l'endettement de la ville est inférieur à l'endettement moyen du Département et de l'Etat.
Nous avons toujours en réserve l'argent nécessaire pour régler nos factures. (Demandez aux artisans et aux fournisseurs de la ville dans quel délai ils sont réglés et s'ils sont satisfaits ? Vous apprendrez que nous sommes parmi les plus rapides à acquitter nos achats ou nos travaux).
Pour conclure je vous dirai qu'une ville est soumise pratiquement aux mêmes règles qu'une entreprise. Si sa situation financière est bonne, elle obtient plus facilement les prêts dont elle a besoin pour réaliser ses équipements.

Lorsqu'elle se trouve en situation critique, la Caisse des Dépôts et Consignations devient réticente et limite le recours à l'emprunt. De plus en cas de nécessité, l'administration peut exercer un contrôle plus rigoureux des budgets et refuser de subventionner certains équipements.
Une entreprise en difficulté se voit refuser par sa banque d'honorer certaines traites et également les emprunts qu'elle peut souhaiter réaliser ; elle peut être placée sous direction provisoire d'un syndic.

La situation financière de notre cité est saine, je ne redoute pas le jugement des administrations, ni un refus de financer nos équipements. Je souhaite aux entreprises machinoises de rester dans une situation financière identique à la nôtre.

Pour ce qui est des critiques de nos adversaires politiques ; j'ai dit au cours des réunions du conseil municipal que nous tiendrons compte des critiques constructives. L'absence de propositions des conseillers municipaux d'opposition, ne peut me gêner dans l'accomplissement de ma mission.
Les arguments d'un responsable politique incompétent, développés devant une assemblée silencieuse parce que partisane, me laissent indifférent.

Savez-vous que ?

Il y a un siècle, en 1894 plus exactement, notre commune fêtait son 101ème anniversaire. La Machine comptait alors 4.841 habitants et la démographie y était galopante.
Son maire s'appelait M. HEDELIN, celui-ci avait 2 adjoints MM. PALLARD et BOGUET.

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Dans l'almanach de la Nièvre de cette année-là, on relève que notre commune avait seulement 2 classes laïques avec M. RAVIER et Mme LABOUR comme instituteurs.

Le médecin était le docteur DE SAUTIERE tandis que les deux pharmaciens se nommaient GARILLAND et PRAVIEUX, il y avait aussi une sage-femme : Mme SAVIGNAC. Le curé de l'époque s'appelait l'abbé FOURTIER, il était assisté des vicaires LEGANDRE et ROBLIN.

Au 19ème siècle les almanachs de la Nièvre étaient publiés chaque année et étaient une véritable mine de renseignements sur toutes les communes du département : administration, communication, commerce, industrie, etc... on y trouve par exemple la liste de tous les commerçants classés par commune et par catégories.
Notre commune a la chance d'en posséder une quinzaine d'exemplaires qui sont dus à la générosité de M. Louis LANOIZELEE.
Les chercheurs et les curieux peuvent les consulter quand ils le désirent en s'adressant au bibliothécaire.

J. LAUDET.


Distinctions

Début février, Madame Julienne DASRE, a reçu des mains de Monsieur le Maire, la médaille d'honneur départementale et communale en argent venant récompenser 26 ans de bons et loyaux services.

Madame DASRE entrée au service de la ville en 1959 assure depuis cette date la propreté des classes de l'Ecole Albert Camus.
Un vin d'honneur clôturait cette cérémonie au cours de laquelle Monsieur le Maire et les Conseillers Municipaux ainsi que les employés des services administratifs et techniques adressaient à Madame DASRE leurs félicitations pour cette distinction bien méritée.

Parmi les mères de familles honorées cette année à l'Elysée, une Machinoise, Madame Renée GUYON, mère de 6 enfants a reçu des mains de Monsieur le Président de la République, la médaille d'argent de la Famille Française.

Que Madame GUYON soit encore une fois félicitée pour cette distinction qui vient récompenser une maman méritante.


(Suite duB.M. no 28 Déc. 85)

Les entrailles de la terre - La tragédie

Un évènement tragique marquera la mémoire ouvrière de La Machine : la catastrophe de 1890. Les accidents ont toujours été fréquents à la mine, mais aucun n'avait atteint les proportions tragiques du coup de poussier qui fit, le 18 février 1890, 35 victimes et de nombreux blessés. Ce coup de poussier se produisit vers 3 heures de l'après-midi, tuant sur le coup 15 mineurs. L'explosion mit le feu à une galerie du puits des Zagots, faisant 17 nouvelles victimes. Trois autres mineurs devaient succomber le lendemain des obsèques de leurs camarades.

La catastrophe de La Machine souleva une vive émotion dans tout le département et provoqua un réel mouvement de solidarité. Mais seule la presse républicaine souleva la question des responsabilités. L'enquête mit hors de cause la Direction des Houillères. Pourtant, un mois à peine après la catastrophe, un nouvel incendie provoqua la mort de trois autres mineurs tandis qu'en juillet, un mécanicien était broyé par le volant de sa machine.
Malgré un long passé de souffrances et de lutte, la syndicalisation des mineurs sera assez tardive. En 1901, l'Observateur du Centre, journal socialiste de Nevers, presse les Machinois à sortir de leur passivité.
"Camarades Machinois, le vent est à la liberté syndicale, à l'émancipation politique. Relevez la tête et joignez-vous courageusement à l'armée de la liberté. Mineurs Machinois, syndiquez-vous !" (L 'Observateur du Centre 5 mars 1901)

Le député Turigny, mis en cause par la presse socialiste pour son manque de zèle à soutenir les mineurs, se justifie en citant l'échec d'autres tentatives .
A Decize, au cours d'une grande réunion, plusieurs syndicats ouvriers furent formés. Les présidents et les secrétaires ne tardèrent pas à être victimes du patronat et des procès. Ainsi fut étouffée dans l'œuf une organisation naissante. (L 'Observateur du Centre 12 mars 1901)

Surmontant tous ces obstacles, les mineurs de La Machine constituent leur premier syndicat en 1906. L'organisation, au dire des chroniques locales, semble végéter jusqu'en 1909, date du premier grand conflit. Une fois encore, l'Observateur du Centre commente les évènements.
Les Mineurs de La Machine, dont l'apathie semblait impossible à vaincre, viennent de se soulever pour obtenir leurs droits. Les paisibles mineurs, depuis si longtemps esclaves, relèvent enfin la tête. Comme leurs camarades des autres bassins miniers, ils veulent gagner de quoi manger en travaillant, ils veulent être libres. On les a tenus dans un tel sentiment de crainte que peu d'entre eux osèrent se syndiquer. Aujourd'hui, le syndicat est fort.

Le puits des Glénons

Le mouvement a pris naissance au Puits Marguerite, des hommes ; pères de famille ont gagné pendant des quinzaines entières 1,25 F par jour dans de mauvais chantiers. Mardi matin, un de leur camarade, nommé Rose, a trouvé la mort dans un éboulement. Pas un piqueur, pas un rouleur ne descendit mercredi au fond du Puits Marguerite. Aujourd'hui, la grève est générale et 300 ouvriers sont venus se faire inscrire au syndicat.

Cette semaine de grève, avec ses rassemblements, ses heurts, ses affrontements avec les "jaunes", les interventions de la gendarmerie, la médiation des élus locaux, mérite une description détaillée, car elle est typique des mouvements sociaux du début du siècle.

Les revendications d'abord. Elles portent sur les salaires. Mais aussi sur la durée du travail : on réclame la journée de 8 heures, "comme au Creusot". On réclame "la bienveillance des chefs envers les ouvriers" et la révocation de deux cadres de la Mine, en raison de leur attitude méprisante. On demande enfin la reconnaissance du syndicat et la protection des militants . "pas de renvois pour fait de grève".

L'action s'organise lors des réunions tenues au café Montsainjean. Samedi soir, on accueille le député Roblin ; on va même au devant de lui à travers bois. Dimanche, grand rassemblement dans un pré : on compte plus de 700 personnes qui défilent ensuite dans les rues de La Machine.
Mais le lundi, dès 4 heures du matin, une quarantaine de gendarmes vinrent épauler les "jaunes". Précédés de la troupe, ils tentèrent d'enfoncer les grévistes. La mêlée fut générale et le corps à corps se prolongea au milieu des invectives. Mardi matin, la gendarmerie à cheval se mit à la tête des "jaunes" pour conduire leur défilé dans les rues. Les grévistes furent contraints d'abandonner la lutte et une dizaine d'entre eux furent révoqués tandis qu'une cinquantaine durent s'éxiler à Courrière, à St-Etienne pour retrouver du travail.

Le chroniqueur de l'Observateur du Centre tire la leçon de ces grèves de 1909.
"Si les évènements de La Machine n'ont pas eu un résultat immédiat bien sensible, ils montrèrent à la Compagnie qu'il ne faut pas jouer avec les mineurs. Dans ce pays qu'on croyait en retard, il y avait des énergies insoupçonnées"

Ces énergies se réveilleront bien d'autres fois encore. La Machine connaîtra les mouvements sociaux de l'après guerre, en particulier lors de la grève de 1923 - 500 mineurs - réunis au nom de la C.G.T.U. cessent le travail. Puis c'est 1936 et les grandes grèves des années 50.

Depuis des années, La Machine est devenue une cité cosmopolite. Chaque conflit du 20e siècle a conduit au fond de la mine son lot de travailleurs étrangers polonais, slaves, chinois, nord-africains. Puis un jour, le charbon deviendra l'énergie maudite.

En 1974, après un combat pour le principe, la mine fermera. Quatre-vingt mineurs seront envoyés à Montceau-les-Mines. Les autres resteront avec leur indemnité et leur silicose.

Extrait de la plaquette "Aux Origines du Mouvement Ouvrier en Nivernais". Souvenirs rassemblés par Maurice Joinet et édités par les Mouvements d'Action Catholique A.C.O. et J.O.C.

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