L'édito de René Vingdiolet, Maire de La Machine
Mes Chers Concitoyens,
1979 est l'année d'un triste record, celui du chômage. Notre Ville malgré le départ de nombreux jeunes, du fait de la politique de non embauchage pratiquée depuis dix ans en prévision de la fermeture des Houillères, décidée par le gouvernement, comptait le 13 Novembre 1979, 70 demandeurs d'emplois, répartis comme suit :
- 19 hommes
- 51 femmes
Les moins de 20 ans représentent à eux seuls - 30 demandeurs d'emploi :
- 9 hommes
- 21 femmes
Devant cette situation, quels rôles peuvent jouer les communes ?
Quels sont les moyens dont disposent les élus pour aider ceux qui recherchent un emploi ?
Malgré les déclarations souvent renouvelées sur le renforcement des moyens d'action des communes, l'augmentation des responsabilités confiées aux maires, les collectivités locales, leurs élus restent désarmés pour mener le combat contre ce fléau social, et apporter l'aide qui leur est réclamée par les familles en désarroi.
Les moyens des municipalités pour créer des emplois sont pratiquement nuls :
Le Conseil municipal, à condition que la Commune ou le Canton soit classé par arrêté interministériel dans une zone d'aide de l'Etat peut voter le principe de l'exonération totale ou partielle de la taxe professionnelle, c'est le cas de la Machine. Pour combattre la néfaste fermeture des mines, l'Assemblée Municipale de l'époque a voté le principe de l'exonération totale de la taxe professionnelle pendant cinq ans, en faveur des industries nouvelles. L'application de la décision de l'Assemblée Municipale, reste cependant soumise à certaines règles administratives qui relèvent de l'appréciation de l'administration des services fiscaux et échappent totalement au contrôle des élus.
Seconde incitation possible : la création de zones industrielles. Ces zones qui fleurissent dans toutes les régions, département, cantons et communes, nécessitent des investissements souvent disproportionnés avec les moyens financiers des collectivités locales ou départementales.
En concurrence souvent déloyale, (certaines zones bénéficient d'incitations financières de l'Etat, d'autres d'aucune aide) elles sont difficiles à négocier, dans la période de mauvaise conjoncture économique que nous vivons, où les fermetures d'usines sont bien supérieures à la création de nouvelles entreprises.
II reste au travers de toutes ces contraintes, le problème des chômeurs.
Tout naturellement, les demandeurs d'emploi fatigués d'attendre, de remplir des demandes, de pointer dans les mairies se retournent vers leurs élus et plus particulièrement vers le maire ; c'est la loi du contact direct de la population avec le responsable le plus facile à approcher.
Cependant dans le domaine de l'emploi, le maire ne jouit d'aucun pouvoir, son rôle se borne à signaler aux entreprises locales tel ou tel cas social en insistant sur la nécessité qui l'attache à satisfaire les demandes les plus pressantes.
L'entreprise privée reste maîtresse de ses embauchages, elle essaye de satisfaire autant qu'elle le peut I'A.N.P.E. (Agence Nationale pour l'emploi) qui dépend des pouvoirs publics, non du maire et de la municipalité.
Les élus locaux qui sont par définition les plus proches des populations sont réduits, pour un des problèmes les plus graves auxquels ils sont confrontés, à un rôle de mendiants.
A titre d'exemple, je soumets à l'appréciation des administrés machinois l'exemple suivant :
dans le cadre du dernier pacte national pour l'emploi une entreprise machinoise embauche 12 agents à titre temporaire - 2 jeunes machinois - 10 jeunes venant de l'extérieur, on alerte le maire ; celui-ci prend contact avec l'entreprise et manifeste son étonnement, faisant remarquer que c'est sa Ville qui a consenti l'exonération de la taxe professionnelle, qui a fait l'effort pour l'accueil, qui en définitive a fait seule les frais de l'implantation de cette industrie.
Réponse : nous ne sommes pas l'Agence Machinoise pour l'emploi, mais l'Agence Nationale pour l'emploi. Nous proposons des candidatures répondant au profil donné par l'entreprise.
Le Maire, les élus ne peuvent que prendre acte et regretter l'état de fait, la loi ne leur donne aucune prérogative en matière d'emplois, sinon que de prévoir au budget municipal la part de salaire d'un employé pour assurer le pointage des chômeurs.
Les anciens combattants à La Machine
De nombreuses associations regroupent dans notre pays les différentes catégories d'Anciens Combattants et Victimes de Guerre, la grande majorité d'entre elles se retrouvant confédérées au sein de l'Union Française des Associations d'Anciens Combattants et Victimes de Guerre (U.F.A.C.).
A La Machine, cinq associations à l'U.F.A.C., ont une section locale, deux issues de la guerre 14-18, les Poilus Nivernais et l'Association Républicaine des Anciens Combattants ; deux nées après la guerre de 39-45,(l'Association des Combattants Prisonniers de Guerre et l'Association des Anciens Combattants de la Résistance (A.N.A.C.R.). La dernière venue est la Fédération Nationale des Anciens Combattants d'Algérie (F.N.A.C.A.).A noter que les autres sections accueillent également les Anciens d'Afrique du Nord, telle l'A.C.P.G. qui a ajouté à son sigle les initiales C.A.T.M. qui désignent les Combattants d'Algérie, Tunisie, Maroc qui ont rejoint ses rangs.
Le classement par nombre d'adhérents de cinq sections locales d'Associations, qui regroupent plus de 300 anciens Combattants, est le suivant .
I — A.C.P.G. - C.A.T.M. : 89 adhérents (président : R. LAPOINTE) dont : 82 P.G., 3 A.C. 3945, 4 C.A.T.M.
II — POILUS NIVERNAIS : 78 adhérents (président : G. COURTOUX) dont : 16 A.C. 14-18, 45 A.C. 39-45, 2 Veuves de Guerre et 15 Veuves d'A.C.
III — F.N.A.C.A. : 77 adhérents (président : M. PRODHOMME) dont : 58 de LA MACHINE et 19 des environs.
IV — A.R.A.C. : 53 adhérents (président : A. THEVENAUX)
V — A.N.A.C.R. : 22 adhérents (président : M. BOUCHIER).
Elles sont regroupées au sein d'un comité de coordination dit Comité d'Entente fondé en 1958, qui comprend outre les cinq présidents nommés ci-dessus :
MM. R. CHUTET (A.C.P.G.) J. PHILIPPON (P.N.) RIGAL (F.N.A.C.A.) HERMEL (A.R.A.C.) E. BARDON (A.N.A.C.R.)
Le président de ce Comité est M. LAPOINTE qui a succédé à M. Eugène PRODHOMME décédé en 1978 ; le Vice-Président est M. THEVENAUX; MM. COURTOUX et HERMEL étant respectivement Secrétaire et Trésorier et M. Michel PRODHOMME Trésorier-adjoint. Le Comité enfin a désigné comme Président d'Honneur M. BONDOUX, A.C. de 14-18, Chevalier de la Légion d'Honneur, comme son prédécesseur M. Eugène SOUDAN, décédé en 1978.
Voici donc brièvement présentés les groupements d'Anciens Combattants de LA MACHINE et leurs principaux responsables.
Les jeunes générations ont quelquefois le sourire (un certain sourire ! ) en voyant les Anciens Combattants défiler derrière leurs drapeaux et s'interrogent sur ce qu'ils supposent parfois être une certaine nostalgie cocardière de l'armée et de ses parades.
Je voudrais leur dire que pour la plupart d'entre nous, il ne s'agit pas de cela, pas plus que de glorifier quelque fait d'armes ou actes plus ou moins héroïques accomplis par certains d'entre nous. Nous avons connu bien sûr des moments difficiles au cours de nos aventures respectives et nous sommes demandés quelquefois si nous reverrions les nôtres, mais nous savons aussi, qu'à part ceux qui eurent la possibilité et la volonté de profiter du malheur commun, la guerre fut une douloureuse épreuve pour tous.
Nous avons pourtant le sentiment d'avoir payé plus que d'autres, soit dans notre chair (beaucoup y ont laissé leur vie, d'autres sont mutilés à jamais, le plus grand nombre enfin sont atteints dans leur santé), soit par le sacrifice, avec toutes ses conséquences, d'années de notre vie parmi les plus belles, puisque c'était celles de notre jeunesse.
Puis-je rappeler que les classes 36 (la mienne) et 37 par exemple, rejoignirent leur unité fin 1937 pour en terminer après la captivité, en Mai 1945 ! ...
Nous avons donc le sentiment d'avoir vécu une redoutable expérience, qui nous a révélé des aspects divers et souvent insoupçonnés de l'espèce humaine et du comportement de nos semblables dans l'épreuve : comportement quelquefois admirable, le plus souvent réconfortant, quelquefois aussi hélas, attristant...
Cette expérience vécue, pourtant bien différente, suivant les catégories et le destin des Anciens Combattants, a créé entre eux une certaine communauté de pensée, à savoir la nécessité de l'équité, de la tolérance, de l'entre-aide, de la défense de la dignité de l'homme, de la paix.
C'est tout cela que nous devons défendre en commun, dans la mesure de nos moyens et c'est dans ce but que nous devons maintenir les commémorations de la fin des conflits que nous avons connus.
Nous nous devons de rendre à ceux qui en furent les victimes, l'hommage qui leur est dû. Rappelons que dans ces guerres depuis le début de ce siècle, quelque cinquante millions d'être humains sont morts, dont deux millions de français. Tous les jeunes doivent en être instruits et les anciens combattants ont le devoir d'en apporter témoignage.
C'est dans cet esprit qu'ils veulent rester fidèles aux journées du souvenir ; qu'ils exigent le rétablissement du 8 mai comme journée nationale fériée et chômée et qu'ils ne sauraient accepter que la volonté d'un seul, fut-il le premier personnage de l'Etat, puisse prévaloir en l'occurrence, sur la volonté unanime des Anciens Combattants et Victimes de Guerre, qui est le reflet de la sensibilité de la grande majorité des Français.
La Machine, le 15 Novembre 1979.
R. LAPOINTE
Président du Comité d'Entente des A.C. de LA MACHINE
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