Estimant ses mines de charbon de moins en moins rentables, et préférant importer de la houille moins chère, la France ferme ses mines les unes après les autres. L’an dernier a cessé l’exploitation de celles de La Machine. Admettons à la rigueur le raisonnement purement économique. Mais constatons que les Charbonnages de France ont beaucoup de sous pour cette noble mission : détruire. C’est qu’ils ne se contentent pas de clore des unités industrielles. Les technocrates qui les dirigent mettent un délicat acharnement à faire en sorte qu’après eux toute tentative de relancer une mine coûtera un prix si formidable que personne n’en aura la témérité.
C’est ainsi que l’un des plus modernes puits de La Machine, le fameux Henri-Paul, subit une cure de vandalisme formidable. Son chevalement, le plus récent puisque de 1927, est jeté bas avec la plus extrême violence, comme ça, d’un bloc : aux ferrailleurs de le découper ensuite au chalumeau. Peu importe que le puits porte son nom en hommage à un fils Schneider mort au combat à la guerre de 14-18 (à l’époque les mines étaient possédées par la célèbre famille). Il suit dans la voie de l’oubli le puits des Minimes, occis il y a trois semaines. Tout dans la ville sera vandalisé : installations minières, voies ferrées, ponts... Tout au plus accorde-t-on à la ville de conserver les bureaux de la direction des Houillères où elle pourra aménager un musée, et le chevalement des Glénons, en-dessous duquel quelques galeries pourront être visitables. Mais déjà l’humoriste Francis Blanche a dit leur fait aux apôtres du vandalisme d’Etat : il ne suffit pas d’être inutile, encore faut-il être odieux.
Du puits Henri-Paul il ne restera pas un bout de bois ni de ferraille! Sur le site, seul subsistera un grand bâtiment rectangulaire, auquel on espère trouver une utilité ; heureusement, derrière celui-ci, quelques jolies maisonnettes de mineurs seront préservées. (JdC)
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